Depuis plus de deux décennies, Benyamin Netanyahou place l’Iran au cœur des menaces existentielles pesant sur Israël. Son discours est clair : sans action décisive, l’Iran deviendra une puissance nucléaire destructrice et un parrain du terrorisme régional. Voici les 4 raisons principales expliquant cette posture guerrière.
La mémoire de Yoni : un sacrifice source de puissance
La trajectoire de Benyamin Netanyahou s’inscrit dans un long héritage familial teinté de ressentiment, voire de vengeance symbolique, façonnée par sa relation avec son père Benzion et la mémoire de son frère Yoni. Cet état d’esprit, enraciné dans la conviction d’avoir été constamment sous-estimés, marque son style politique et sa stratégie d’affirmation au sommet du pouvoir.
Dans la nuit du 3 au 4 juillet 1976, un vol Air France est détourné puis conduit à l’aéroport d’Entebbe, en Ouganda, où les passagers sont retenus en otages avec le soutien de rébellions palestiniennes et du régime d’Idi Amin. Yoni commande l’assaut israélien : 29 commandos parviennent à libérer 102 otages sur 106, mais Yoni est abattu, le seul soldat israélien tué au cours de l’opération. Le décès de Yoni sera un pivot décisif dans la carrière de Benjamin. Le sacrifice de son frère fait de lui un héritier symbolique du combat contre le terrorisme et renforce son positionnement politique.
Le traumatisme de l’attaque du 7 octobre 2023 : la rave party sanglante
Lors de l’attaque du 7 octobre 2023, des centaines de jeunes ont été massacrés lors d’une rave party près de la frontière avec Gaza, dans l’un des attentats les plus meurtriers de l’histoire d’Israël. Bien que cette opération ait été revendiquée par le Hamas, Israël accuse l’Iran de soutien logistique, financier et stratégique à l’organisation.
Cet événement a ravivé la peur collective et durci la ligne de B. Netanyahou, qui voit dans l’Iran le cerveau indirect de cette offensive.
L’impact psychologique et politique de cette attaque est majeur : le récit sécuritaire justifie davantage une réponse militaire élargie contre l’axe iranien.
L’Iran, sponsor régional du terrorisme
L’Iran est qualifié de « sponsor régional du terrorisme » par de nombreux pays, dont les États-Unis, Israël et certains États européens, en raison de son soutien actif, financier, militaire et logistique à des groupes armés non étatiques qui mènent des actions violentes au Moyen-Orient. Israël accuse notamment l’Iran de financer et armer :
Le Hezbollah au Liban. Ce groupe est impliqué depuis 1980 dans des attentats (comme celui contre l’ambassade israélienne en Argentine en 1992), des attaques contre Israël, et agit comme force paramilitaire chiite régionale
Le Hamas à Gaza. Bien que sunnites, ces groupes palestiniens ont reçu des fonds, des armes et une aide technique de l’Iran. L’Iran affirme soutenir « la résistance à l’occupation », mais les roquettes tirées contre les civils israéliens par le Hamas sont considérées comme des actes terroristes par l’Occident. Après l’attaque du 7 octobre 2023, de nombreux experts estiment que le Hamas a bénéficié du soutien stratégique indirect de l’Iran.
Des milices chiites en Syrie, Irak et Yémen. En Irak, l’Iran soutient des milices chiites intégrées à la coalition al-Hashd al-Shaabi, certaines accusées d’attaques contre les forces américaines et les ambassades. En Syrie, Téhéran a soutenu militairement le régime de Bachar el-Assad, en envoyant des conseillers militaires et des combattants. Au Yémen, l’Iran est accusé de soutenir militairement les rebelles Houthis, qui ont attaqué l’Arabie saoudite et récemment des navires en mer Rouge.
L’Iran n’affronte pas directement ses adversaires, mais mène une guerre indirecte via des groupes armés, selon une doctrine dite de “proxies” (délégués armés).
Cela lui permet de maintenir une influence régionale, tout en niant officiellement sa responsabilité directe dans les attentats ou attaques.
Le programme nucléaire iranien : une ligne rouge permanente
B. Netanyahou considère l’enrichissement d’uranium par l’Iran comme un compte à rebours vers l’armement nucléaire. Pour lui, il faut frapper avant que Téhéran ne franchisse cette ligne stratégique. B. Netanyahou estime que l’accord de 2015 n’a fait que gagner du temps, en permettant à l’Iran de préparer discrètement l’après-sanctions. Il a activement poussé à son abandon par Donald Trump en 2018.
En résumé
Netanyahou cherche à se venger de l’Iran parce qu’il voit en ce pays non seulement un ennemi stratégique, mais une menace personnelle, idéologique et symbolique. Pour lui, l’Iran incarne tout ce que son projet politique combat : un régime islamiste, anti-occidental, antisioniste, qui finance et arme les groupes comme le Hamas ou le Hezbollah, responsables d’attaques sanglantes contre Israël — y compris l’attaque du 7 octobre 2023, vécue comme une humiliation nationale. À cela s’ajoute une dimension plus intime : la mémoire de son frère Yoni, tué dans une opération antiterroriste, et l’héritage de son père Benzion, farouchement opposé à toute faiblesse envers les ennemis d’Israël. Pour Netanyahou, l’Iran n’est pas seulement une puissance régionale hostile, c’est le moteur de toutes les agressions contre Israël, et frapper l’Iran reviendrait à restaurer une forme de justice historique, à montrer que ni son peuple ni sa famille n’oublient. Sa politique n’est donc pas seulement stratégique — elle est profondément émotionnelle, marquée par un sentiment de revanche et une obsession sécuritaire.