Mardi 24 juin, les auditeurs d’Océane FM n’ont pas mâché leurs mots. Transports, justice, nuisances, prix, politique : la parole s’est libérée sur les ondes avec une intensité rare. Morceaux choisis de cette colère populaire, en sept grands thèmes.
Transport en rade : entre monopole et abandon
La suspension du Betico pour carénage jusqu’au 10 juillet et les remplacements d’avions par Aircalin ont mis le feu aux poudres. L’accès aux îles devient un luxe.
On ne peut même pas voyager dans notre propre pays sans hypothéquer la maison.
J’ai payé 280 000 francs pour un billet sans wifi, sans écran, avec un bébé sur les genoux.
L’absence d’alternative maritime et l’opacité des décisions nourrissent une frustration de plus en plus virulente. Une auditrice enseignante a alerté :
J’ai des élèves bloqués à Lifou. Ils n’ont pas les moyens de revenir.
Aircalin et le grand malaise des prestations au rabais
Les témoignages se sont succédé à l’antenne sur le décalage entre les prix des billets d’Aircalin et la qualité du service rendu.
On paie au prix fort, mais dans l’avion il n’y a même plus de télé.
Pour un bébé de 5 mois, on m’a fait payer 42 000 francs. Sans nacelle garantie.
Et quand le vol est affrété par une autre compagnie, c’est encore plus confus :
On te vend 30 kg de bagages mais à l’enregistrement, c’est 23 kg.
Justice et impunité : le sentiment d’inégalité
Certains auditeurs dénoncent une justice à deux vitesses. Un père très remonté interpelle à l’antenne après un délit de fuite :
Le gars a shooté ma fille, il est reparti. Pour moi, c’est un criminel.
Si je le retrouve, ça ne se passera pas pareil. Qu’il aille à la gendarmerie !
En parallèle, un autre auditeur s’indigne :
Pour avoir brûlé le pays, le gars prend six mois. Pour un cerf, tu prends pareil. C’est ça la justice ?
Frontières et contrôles : des pratiques à revoir
Un témoignage poignant a mis en lumière des contrôles jugés arbitraires à la PAF (Police aux frontières) à Tontouta.
Ma fille de 4 ans me demandait : maman, est-ce qu’on va en prison ?
Moi on m’a bloquée pour une différence de nom, mon amie avec les mêmes papiers est passée tranquille.
Le traitement ressenti comme aléatoire ou discriminant interroge sur la cohérence des contrôles.
Nuisances sonores : trop, c’est trop
La musique trop forte, même appréciée par certains, devient vite source de conflits dans les quartiers et les lieux de détente.
J’étais à Ouégoa pour me reposer, on s’est tapé de la sono à 2 h du matin !
Je suis à l’école catholique, j’entendais la musique de l’autre côté !
Et la coupe est pleine pour d’autres :
Vous voulez faire de la techno ? Faites-le chez vous, pas en bord de mer.
Vie chère et sentiment de trahison politique
La lassitude économique alimente une critique virulente du pouvoir en place.
On vit dans des cabanes, pendant qu’ils font leur business.
Y a plus de porte-monnaie. Faut se lever et faire des manifs pacifistes.
Les accusations de collusion entre institutions et intérêts privés reviennent en boucle :
Ce pays est tenu par une mafia qui vote ses propres privilèges.
Santé, vaccins et libertés parentales
Le sujet des vaccins a ressurgi avec une vive émotion, mêlant défiance scientifique et colère administrative.
On m’a dit : vaccinez votre fille ou on vous l’enlève.
Ma fille a perdu deux ans d’études parce qu’elle n’était pas vaccinée contre le Covid.
Les auditeurs dénoncent une médecine qu’ils perçoivent comme imposée :
Pourquoi mon enfant, non vacciné, serait un danger pour les autres ?
Une colère multiple, mais unifiée
De la route à l’hôpital, des avions aux écoles, les Calédoniens qui ont pris la parole ce mardi 24 juin ne veulent plus subir. Leurs voix, brutes, directes, sincères, dessinent une carte précise des fractures d’un territoire où le sentiment d’abandon se heurte au besoin de respect, d’équité et de solutions concrètes.