Un nouveau visage pour la justice en Nouvelle-Calédonie : Camille Miansoni veut « une justice compréhensible et crédible »
Arrivé vendredi dernier, le nouveau procureur général Camille Miansoni promet une justice ancrée dans les réalités calédoniennes. Objectivité, pédagogie et proximité au cœur de son projet.
Une carrière forgée sur plusieurs territoires sensibles
Vendredi dernier, Camille Miansoni a pris ses fonctions de procureur général près de la Cour d’appel de Nouméa, succédant à une série de postes exercés ces onze dernières années à Verdun, Mayotte, puis Brest. Son expérience dans des territoires à forte identité et à complexité juridique lui donne une approche mesurée mais résolue de la fonction. Dès ses premières paroles, il a tenu à rappeler le rôle fondamental du procureur général : « Traduire les grandes orientations pénales nationales en fonction des réalités locales. » Une mission d’adaptation, mais aussi de soutien aux juridictions de première instance, à qui il promet d’apporter un appui réel, y compris dans la mobilisation des moyens humains et matériels.
Une priorité : comprendre la société calédonienne
Camille Miansoni l’a affirmé sans détour : sa première tâche sera d’écouter et de comprendre le territoire. « Toute société, quelles que soient ses institutions, a besoin de justice », a-t-il insisté, soulignant l’importance de l’impartialité et de la lisibilité des décisions rendues.
Pour lui, la crédibilité d’une juridiction repose sur trois piliers : la qualité des décisions, leur objectivité, et surtout leur compréhensibilité. Il déplore que la justice soit souvent mal comprise, voire injustement critiquée : « Parfois, on rend responsables les magistrats de décisions qui relèvent en réalité de la loi. »
Il veut donc engager un travail pédagogique auprès du public, sans pour autant céder à la versatilité de l’opinion : « L’objectif n’est pas de suivre l’opinion, mais de faire en sorte que nos décisions soient comprises. »
Justice lisible, justice crédible : une ligne directrice affirmée
Le nouveau procureur général porte une ambition simple mais forte : « Si nos décisions sont justes mais incomprises, nous n’aurons fait que la moitié du travail. » Ce mantra résume sa philosophie judiciaire, ancrée dans l’exigence de clarté et de responsabilité.
Cette orientation trouve un écho particulier dans un contexte local encore marqué par les tensions sociales, les attentes de transparence, et la nécessité de recréer un lien de confiance entre citoyens et institutions.
Enfin, Camille Miansoni n’est pas le seul nouveau visage à faire son entrée dans le paysage judiciaire calédonien. Bruno Karl prendra ses fonctions de premier président de la Cour d’appel le 3 juillet prochain, succédant à Gilles Rosati. Une transition majeure dans la haute magistrature du territoire, qui pourrait ouvrir une nouvelle phase de cohérence et de stabilité.
Son parcours
Né à Brazzaville, capitale de la République du Congo en 1966, Camille Miansoni est arrivé en France dans les années 90 pour poursuivre ses études à Dijon. Il travaille ensuite à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale. Il gravit les échelons au sein de cet établissement, et se fait naturaliser, avant de changer d’administration pour devenir magistrat.