Christian Tein libéré : une décision judiciaire attendue
Le jeudi 12 juin 2025, la cour d’appel de Paris a ordonné la remise en liberté sous contrôle judiciaire de Christian Tein, leader indépendantiste kanak et président du FLNKS (Front de libération nationale kanak et socialiste). Âgé de 57 ans, il était en détention provisoire depuis un an, soupçonné d’avoir joué un rôle central dans les violentes émeutes survenues en Nouvelle-Calédonie en mai 2024, à la suite de la réforme du corps électoral.
Son organisation, la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), est considérée par la justice comme potentiellement impliquée dans les troubles ayant causé 14 morts, dont deux gendarmes, et plus de deux milliards d’euros de dégâts matériels. Cependant, les juges d’instruction ont estimé qu’à ce stade, il n’était pas démontré que Tein ou ses co-militants aient organisé un attroupement armé.
Une libération sous conditions dans un contexte politique tendu
Bien que libéré, Christian Tein ne retourne pas en Nouvelle-Calédonie. Il reste en Alsace, chez sa compagne, et s’est engagé à répondre aux convocations de la justice. Ses avocats, Me François Roux et Me Florian Medico, ont salué une « première victoire », tout en rappelant que « le combat continue ». Ils dénoncent un dossier « vide », accusant la justice française de criminaliser un militantisme politique ancré dans un processus de décolonisation reconnu par les Nations unies.
Le parquet, qui considérait Tein comme le « commanditaire » des émeutes et voyait dans sa détention un moyen de prévenir toute « concertation frauduleuse », s’était opposé à sa libération. Néanmoins, la cour d’appel a confirmé la position des magistrats instructeurs.
Vers un nouveau chapitre du dossier calédonien
La libération de Christian Tein s’inscrit dans un moment charnière pour la Nouvelle-Calédonie, toujours marquée par des tensions liées aux émeutes de 2024. D’autres figures indépendantistes incarcérées dans l’Hexagone — Dimitri Qenegei, Guillaume Vama, Erwan Waetheane — ont également été libérées, tandis que celle de Steeve Unë a été confirmée.
Alors que la Nouvelle-Calédonie tente de panser ses plaies et de relancer un dialogue politique, cette décision judiciaire, bien que légale, pourrait freiner la réconciliation nationale et exacerber les tensions.