Budget supplémentaire 2025 : relance, équité scolaire et mémoire collective en province Sud
La province Sud adopte un budget tourné vers l’investissement, réforme les inscriptions scolaires et honore deux figures calédoniennes dans ses collèges.
Une relance économique centrée sur l’investissement et les services publics
Le 19 juin 2025, l’Assemblée de la province Sud a adopté un budget supplémentaire ambitieux, dans un contexte encore tendu après les émeutes de mai 2024. Malgré une chute de 28 % des recettes fiscales en 2024, la collectivité renforce ses moyens pour 2025 grâce à une hausse des recettes de +6 %, soit +3,154 milliards XPF.
Le budget supplémentaire 2025, qui porte le total des dépenses à 54,3 milliards XPF, consacre 78 % des crédits à l’investissement. Cette priorité donnée aux infrastructures, à l’habitat social ou encore à la transition écologique, vise à soutenir le tissu économique local tout en modernisant durablement le territoire.
Dans le détail, ce sont 1,080 milliard XPF qui seront consacrés au réseau routier, dont une enveloppe pour la reconstruction du pont de Kouergoa. 600 millions XPF iront à l’habitat social, un levier de solidarité et d’aménagement du territoire. Ces investissements visent à stimuler l’activité, à soutenir l’emploi local et à répondre à des besoins urgents en infrastructures.
En parallèle, 699 millions XPF sont alloués au fonctionnement, principalement pour garantir la continuité des services publics dans les domaines de la santé, du social, de l’éducation et de l’emploi. Ce budget témoigne d’une gestion rigoureuse mais résolument tournée vers l’avenir.
Ce budget, c’est un signal : on tient bon, on ne gèle pas l’avenir. On investit dans ce qui compte vraiment : l’école, la santé, les routes et le logement.
— Élodie, 45 ans, agent de développement, Païta
Le compte administratif 2024, adopté dans la même séance, a d’ailleurs montré que la province avait su éviter la cessation de paiement malgré la crise, en puisant avec précaution dans son fonds de roulement. Une gestion que les élus qualifient de volontariste et réaliste.
Une réforme des inscriptions scolaires pour plus d’équité
Autre volet fort de la session : la réforme des règles d’inscription dans les écoles primaires publiques. Jusqu’à présent, l’absence de cadre réglementaire avait généré de graves déséquilibres, avec plus de 1 200 demandes d’inscription hors délais en 2025, rendant la carte scolaire inopérante.
La nouvelle délibération instaure désormais :
- Une primo-inscription obligatoire en ligne sur la plateforme de la province ;
- Une campagne annuelle fixée par arrêté ;
- Des dérogations strictement encadrées ;
- Et surtout, une exigence accrue sur les justificatifs de domicile, excluant les simples attestations d’hébergement.
L’an dernier, j’ai galéré pour inscrire ma fille en CP. Avec cette réforme, au moins on saura où, quand et comment inscrire nos enfants. C’est plus juste pour tout le monde.
— Lina, 34 ans, mère de famille, Dumbéa
L’objectif est clair : garantir une répartition cohérente des élèves, lutter contre le nomadisme scolaire, stabiliser les parcours éducatifs et rendre l’accès à l’éducation plus équitable sur l’ensemble du territoire.
Cette réforme marque une volonté politique de modernisation administrative, visant à mieux anticiper les besoins, à alléger la charge sur les équipes éducatives, et à assurer une meilleure cohérence territoriale.
Mémoire collective : deux collèges renommés en hommage à des figures locales
Dans une démarche de transmission et d’identité, la province Sud a également voté l’attribution de noms à deux établissements :
- Le collège de Magenta devient le Collège Jean Lèques, en hommage à l’ancien maire de Nouméa et premier président du gouvernement calédonien, dont l’engagement en faveur de l’éducation et du développement urbain reste une référence.
- Le collège des Portes-de-Fer portera désormais le nom de Collège François Ollivaud, saluant le parcours d’un enseignant engagé, chansonnier et figure culturelle appréciée, au service de la jeunesse et des valeurs calédoniennes.
Ces hommages marquent la volonté de la province d’ancrer les lieux d’apprentissage dans l’histoire et les valeurs du territoire, en faisant des établissements scolaires des espaces de mémoire et de transmission.
Jean Lèques, pour moi, c’est quelqu’un qui a fait avancer Nouméa. Donner son nom à un collège, c’est plus que symbolique : c’est montrer aux jeunes qu’on peut servir avec humilité et bâtir quelque chose de durable.
— Henri, 66 ans, retraité, Nouméa
Mon fils est au collège des Portes-de-Fer. Quand il a appris le changement de nom, il a voulu savoir qui était François Ollivaud. C’est ça aussi l’éducation : relier le passé au présent.
— Malia, 39 ans, enseignante, Nouméa
Cap sur la stabilité, la relance et la cohésion
À travers ce budget supplémentaire, la réforme de l’éducation et ces hommages symboliques, la province Sud affirme une vision équilibrée : soutenir la relance économique, garantir un accès équitable aux services publics, et renforcer le lien entre mémoire et éducation.
Face à un avenir encore incertain, l’exécutif provincial choisit l’action, la prudence et la responsabilité, avec un cap clair : investir pour demain tout en préservant ce qui fait sens aujourd’hui. La transparence, l’efficacité budgétaire et l’attachement aux valeurs calédoniennes sont au cœur de cette démarche.
C’est rassurant de voir qu’on ne baisse pas les bras. On sent qu’il y a une direction, un effort collectif. Ce n’est pas parfait, mais c’est concret.
— Julie, 52 ans, commerçante à Boulari