À l’heure où la cohésion institutionnelle demeure fragile, le calendrier du Congrès s’annonce dense et révélateur d’un territoire qui veut renouer avec la stabilité.
Une visite ministérielle sous haut symbole : Paris réaffirme son autorité
La semaine s’ouvre sur un moment que beaucoup attendaient. Ce lundi 10 novembre, la ministre des Outre-mer, Naïma Moutchou, est à Nouméa et restera sur le territoire jusqu’au 14 novembre. Une première visite qui avait dû être reportée, mais qui va s’entamer, comme la tradition républicaine le veut, par un hommage officiel aux morts, place Bir-Hakeim.
Un geste simple, mais hautement politique, alors que l’État réaffirme son rôle dans une île qui traverse encore les conséquences des crises successives.
Cette visite intervient après plusieurs mois de fragilités institutionnelles, de tensions dans les rangs politiques locaux et d’un climat administratif parfois paralysé. Pour une partie des élus, l’arrivée de la ministre sonne comme un rappel d’autorité républicaine, une manière de remettre chacun devant ses responsabilités.
Dans cette ambiance, les conseillers de la Nouvelle-Calédonie n’auront pas le loisir de souffler : la semaine s’annonce chargée, presque militaire dans son organisation, avec une série de séances publiques et de réunions en cascade.
L’ordre, la rigueur, la discipline tout ce que réclame une démocratie solide semblent revenir par la voie des institutions.
Un Congrès en mouvement : recompositions, remplacements et resserrage organisationnel
Le premier rendez-vous majeur aura lieu le mercredi 12 novembre à 13 h 30. Une séance publique brève, mais stratégique : les élus examineront la proposition de délibération modifiant la désignation des membres de la commission permanente. Ce texte, porté par Sonia Backes, Françoise Suve et Gil Brial, vise à remplacer Naïa Wateou par Jean-Gabriel Favreau au sein de cette instance essentielle.
La séance ne portera que sur ce point, preuve qu’il s’agit d’un ajustement ciblé, mais déterminant pour l’équilibre interne du Congrès. À peine cette séance close, la commission permanente se réunira, toujours le 12 novembre, pour examiner plusieurs remplacements : ceux de Virginie Ruffenach, qui quitte deux fonctions de rapporteur spécial à sa demande formelle.
Ces mouvements internes traduisent une réalité : le paysage politique calédonien est en plein réalignement. Après des mois de turbulences, le temps est venu pour plusieurs groupes de resserrer les rangs, de préparer la nouvelle session ordinaire et de redistribuer les responsabilités afin d’éviter tout blocage administratif.
Le jeudi 13 novembre, les travaux s’étendront à la politique sanitaire et sociale, avec l’examen d’un projet de loi du pays et d’un projet de résolution liés à la réforme des peines d’emprisonnement. Les rapporteurs seront entendus, les textes passés au crible un fonctionnement normal, mais indispensable dans un contexte où l’efficacité de l’action publique est scrutée par les citoyens.
Puis viendra un moment particulièrement symbolique : à 17 h 30, le Congrès tiendra une soirée-débat publique sur la démocratie participative, qui, après Nouméa, se déroulera sur le site de l’UNC à Baco.
Plus de 1 300 Calédoniens ont contribué à l’étude préparatoire. L’institution cherche clairement à renouer avec un public parfois défiant, et cette démarche, portée par le conseiller Vaimu’a Muliava et par Régis Pradal, veut montrer que le Congrès n’est pas une forteresse fermée.
Commissions, auditions, fiscalité et ordre républicain : une fin de semaine révélatrice
Le vendredi 14 novembre, l’agenda s’intensifie encore. La matinée s’ouvrira sur trois auditions successives : les représentants de La Fédé, des retraités territoriaux et de l’UT-CFE-CGC.
Chacun viendra défendre ses inquiétudes et ses propositions, dans un climat où la réforme des agents publics, notamment la suspension exceptionnelle de l’avancement, reste un dossier brûlant.
Car l’enjeu est clair : rééquilibrer des finances publiques sous tension. Le Congrès examinera également un projet de délibération sur la minoration des pensions de retraite. Un sujet sensible, mais inévitable pour éviter la rupture d’un système déjà fragilisé.
L’après-midi, la commission de la législation se saisira d’un projet d’ordonnance visant à harmoniser le mode de scrutin des municipales en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie française. Le but : garantir la parité, la cohésion municipale, mais aussi la vitalité démocratique un thème qui revient avec insistance dans cette semaine où les institutions semblent vouloir se remettre d’aplomb.
Entre remplacements de rapporteurs, ajustements internes, auditions syndicales et actualisation des textes, la semaine dessine une réalité : la vie politique calédonienne se réorganise autour d’une logique de responsabilité, de transparence et surtout de solidité républicaine.
L’arrivée de la ministre met une pression salutaire sur l’ensemble des acteurs. C’est un signal clair : le temps des flottements doit cesser, et celui de l’efficacité doit reprendre. La Nouvelle-Calédonie entre dans une phase où l’ordre, la méthode et la constance seront indispensables.
Et cette semaine, plus encore que les précédentes, montre que le pays s’oriente dans cette direction.

















