Après une controverse liée à un sujet sur CNews, Complément d’enquête est de nouveau dans le viseur de l’Arcom. Le régulateur reproche à une émission diffusée en juin sur France 2, consacrée au Sénat, un manque de mise en perspective et la diffusion d’allégations graves sans contradiction suffisante.

Une polémique peut en cacher une autre. Après avoir dû couper en urgence une séquence de son dernier numéro consacré à CNews en raison de chiffres jugés erronés par l’Arcom, « Complément d’enquête » se voit infliger un nouveau revers. Le régulateur de l’audiovisuel a cette fois-ci « mis en garde » nos confrères par rapport à une émission diffusée le 19 juin dernier sur France 2 consacrée au Sénat. Dans son communiqué du 27 novembre relayé par Télérama, l’autorité pointe ainsi « l’absence de mise en perspective […] concernant la modification de la procédure de traitement des signalements de harcèlement. » L’émission sous-entendait notamment que la présidence du Sénat aurait « modifié la procédure dans le but de faire obstacle à la prise en compte des signalements », alors que ce changement aurait au contraire été « introduit afin d’améliorer la gestion des signalements de harcèlement ».
Autre élément de l’émission mis en cause par l’Arcom : le témoignage d’un ancien médecin de la chambre haute du Parlement, qui soutient qu’une secrétaire aurait fait chanter l’institution afin d’obtenir des avantages grâce à des vidéos intimes de plusieurs sénateurs. Ces propos ont été diffusés « sans réelle contradiction en dépit de la gravité des accusations formulées par l’intéressé », fustige le gendarme de l’audiovisuel, qui regrette également que le licenciement de cette secrétaire n’a jamais été évoqué. Troisième problème dans ce numéro : l’assertion de nos confrères selon laquelle, en 2023, « à peine la moitié [des dépenses des sénateurs] a été contrôlée ».
Des accusations sans preuves ?
« Une telle affirmation, qui n’est assortie d’aucune précision concernant la nature et l’étendue des contrôles exercés, et ne fait pas l’objet d’une mise en perspective au regard des exigences applicables en la matière, ne peut que laisser penser, dans le contexte de l’émission, que les contrôles opérés sur les frais de mandat des sénateurs sont particulièrement insuffisants », cingle l’Arcom, avant de renvoyer aux travaux effectués sous la supervision de la Compagnie nationale des commissaires aux comptes (CNCC) stipulant que « toutes les sénatrices et tous les sénateurs sont contrôlés chaque année, sur la base d’un échantillonnage de leurs dépenses, les contrôles approfondis couv[rant] entre 40 et 60 % des frais et les contrôles transversaux entre 20 et 30 % ».
Les termes « sénateurs dealers », « trafic de drogue », ou « trafiquants de drogues » au sein du Sénat ont également été épinglés par l’autorité, qualifiés « d’accusations graves […] formulées sans recours au conditionnel ni mise en perspective ».
Critiquée de toutes parts, France Télévisions tente de maintenir la face… La Société des Journalistes (SDJ) du groupe public a réaffirmé « sa totale confiance dans le sérieux, la rigueur et l’intégrité du travail des équipes de Complément d’enquête » dans un communiqué ce 29 novembre. Le 10 décembre prochain, la dirigeante de France Télévisions Delphine tâchera à son tour de défendre le groupe face aux parlementaires dans le cadre de la commission d’enquête sur la neutralité de l’audiovisuel public.
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