Une magistrate qui connaît la loi… mais l’a enfreinte. Un dossier délocalisé, une condamnation rare, un signal fort pour la justice ultramarine.
Le choc judiciaire : une magistrate condamnée pour avoir brisé le secret
L’affaire secoue le monde judiciaire du Pacifique : l’ancienne procureure de la République de Nouvelle-Calédonie, Claire Lanet, a été reconnue coupable de violation du secret professionnel. Le jugement, prononcé en Guadeloupe, évoque un manquement grave à l’éthique attendue d’un magistrat.
En avril 2024, RRB révélait que la procureure était soupçonnée d’avoir transmis des informations confidentielles à Éric Pannoux, ancien directeur régional de la Caisse des dépôts et consignations, lui-même mis en cause pour fraude fiscale, faux, usage de faux et blanchiment. Les deux protagonistes entretenaient des liens “très proches”, selon les enquêteurs.
Face à la sensibilité du dossier et au risque de conflit d’intérêts, le traitement de l’affaire est immédiatement délocalisé hors du bassin Pacifique.
Une procédure exceptionnelle menée par des enquêteurs spécialisés
Pour instruire ce dossier, deux enquêteurs spécialisés venus de Paris sont dépêchés en Nouvelle-Calédonie. Ils placent la magistrate en garde à vue, perquisitionnent son domicile et exploitent ses communications professionnelles.
En parallèle, l’Inspection générale de la justice ouvre une enquête administrative sur les conditions dans lesquelles ces informations ont pu être transmises.
Le dossier est enrôlé devant le tribunal correctionnel de Basse-Terre, puis finalement jugé via une comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC), procédure acceptée par Claire Lanet.
La magistrate est reconnue coupable d’avoir communiqué des éléments couverts par le secret à une personne poursuivie dans une affaire financière complexe.
Un mois de prison avec sursis : une sanction rare mais symbolique
Le tribunal correctionnel condamne Claire Lanet à un mois d’emprisonnement avec sursis, une peine symbolique mais lourde de sens pour une professionnelle garante du respect de la loi. L’affaire met en lumière la question de la déontologie judiciaire dans les territoires ultramarins, où l’éloignement géographique et les réseaux personnels peuvent fragiliser les mécanismes de contrôle. Dans un contexte où la confiance dans les institutions est déjà éprouvée en Nouvelle-Calédonie, cette affaire renforce l’exigence de transparence et de rigueur, notamment dans les postes de haute responsabilité.

















