Ils disent vouloir « apaiser ». Mais à l’heure du vote, ce sont les actes qui tranchent.
Ce lundi, l’institution devra choisir : la clarté républicaine ou l’enlisement politique.
Une séance explosive qui peut rebattre tout le jeu politique
La séance publique prévue initialement le 3 décembre sera finalement ouverte ce lundi 8 décembre à 14 heures. Une convocation qui n’a rien d’une simple formalité : elle porte sur l’avis concernant le projet de loi organisant une consultation des populations intéressées de la Nouvelle-Calédonie, conformément à la saisine rectificative adressée le 29 novembre. Cette nouvelle version annule intégralement celle transmise le 21 novembre, preuve que l’État veut un cadre juridique irréprochable avant de faire trancher le Parlement français.
Mais cette séance pourrait connaître un tournant politique majeur. Deux figures du groupe Calédonie Ensemble, Philippe Gomès et Philippe Michel, pourraient être évincées d’office si le haut-commissaire notifiait leur démission avant l’ouverture de la séance. Un scénario explosif qui fragiliserait un groupe déjà divisé depuis des mois. Dans un contexte où la cohérence devient rare, le droit institutionnel, lui, ne laisse aucune place à l’approximation.
Et l’incertitude ne s’arrête pas là. Parmi les cinq mouvements signataires de l’accord de Bougival, trois l’UNI, Calédonie Ensemble et l’Éveil océanien multiplient depuis plusieurs jours les déclarations contradictoires. Leur position finale reste floue. Cette ambiguïté volontaire entretient un climat de suspicion : veulent-ils réellement clarifier l’avenir institutionnel ou simplement gagner du temps politiquement ?
Une chose est sûre :
– Si l’avis rendu est négatif, les électeurs calédoniens inscrits pour les provinciales seront automatiquement convoqués.
– S’il est positif, alors les 54 conseillers du Congrès auront exprimé un avis consultatif destiné au Parlement français.
Encore faudra-t-il que les députés adoptent le texte. Le Rassemblement national dispose des voix nécessaires pour obtenir une majorité claire à l’Assemblée nationale. À droite, on assume : il est temps que Paris prenne ses responsabilités, sans céder aux états d’âme de quelques partis locaux qui jouent le pourrissement.
Semaine sous tension : le Congrès à plein régime
Lundi n’est que le début. Dès le lendemain, mardi 9 décembre à 8 h 30, une nouvelle séance portera sur l’avis relatif au projet d’ordonnance concernant la partie législative du code des douanes. Un texte essentiel pour clarifier les règles commerciales dans un territoire où l’économie reste fragile.
À 9 h 30, la commission de la santé reprendra l’examen du vaste projet de loi du pays sur les dispositions sanitaires et sociales, du très technique article 24 jusqu’à l’article 70. Le rapport, confié à Inès Kouathé, vise à moderniser des dispositifs souvent dépassés. Une résolution visant à homologuer des peines d’emprisonnement dans le cadre du même corpus juridique sera également étudiée. L’exigence de fermeté dans les textes devient indispensable dans une Nouvelle-Calédonie où les dérives sociales explosent.
Et l’après-midi, rebelote : la commission de la législation et de la réglementation générales se réunira pour examiner une série de projets de délibérations portant principalement sur des cessions de terrains à titre gratuit au profit des communes de Boulouparis, Koumac, Koné et Dumbéa, ainsi qu’à l’ADRAF à Hienghène. Des opérations foncières qui, pour une fois, privilégient l’intérêt général plutôt que la bureaucratie.
Un projet de résolution concernant l’homologation d’une peine d’emprisonnement prévue par le code de la route viendra compléter un ordre du jour déjà chargé. Un enjeu central alors que l’insécurité routière continue de frapper le territoire.
Nickel, logement, budget : la semaine des vérités
Mercredi 10 décembre à 9 heures, la commission spéciale Nickel auditionnera successivement KNS, la SLN et Prony Resources. Dans une filière en crise, l’heure n’est plus aux illusions : il faut de la transparence, des chiffres réels et moins de discours victimaires. Les industriels devront répondre, sans détour, aux questions des élus. Le secteur du nickel ne survivra qu’avec des décisions courageuses, pas avec des slogans.
L’après-midi, la commission de la santé examinera les textes relatifs à la réforme de l’aide au logement. Le rapporteur Vaimu’a Muliava portera une réforme attendue depuis longtemps, alors que la pression immobilière pèse de plus en plus lourd sur les familles modestes.
Le jeudi 11 décembre, la commission des finances recevra le gouvernement pour la présentation des travaux préparatoires au budget primitif 2026. Un moment décisif pour juger de la rigueur comptable de l’exécutif, dans un territoire où chaque franc dépensé doit être justifié.
Enfin, le vendredi 12 décembre, une réunion conjointe examinera une proposition de délibération visant à créer le Haut Conseil de l’économie sociale et solidaire. Encore une structure, encore une « instance », encore une usine à gaz bureaucratique portée par l’UC-FLNKS et défendue par Omeyra Naisseline. Fidèle aux excès de l’État technocratique, cette initiative rêve d’empiler les dispositifs… mais oublie l’essentiel : dans les faits, l’ESS actuelle favorise les grandes exploitations agricoles au détriment des petites familles rurales.
Au final, cette « semaine parlementaire » est plus qu’une série de réunions : c’est un test de sérieux, de cohérence et de courage politique. La Nouvelle-Calédonie n’a plus le luxe de tergiverser.
Le vote du 8 décembre sera un révélateur : accepter la voie démocratique et républicaine, ou rester prisonnier des ambiguïtés.
Dans tous les cas, le territoire entre dans une période où seule la constance comptera. Et où les responsables devront, enfin, assumer leurs choix.


















