Après l’appel du FLNKS à un sit-in, le Haut-commissariat interdit toute manifestation devant le Congrès et rappelle les risques pénaux encourus.
Une interdiction qui vient refermer la porte
Alors que le FLNKS annonçait hier un sit-in devant le Congrès pour protester contre le projet de loi lié à l’accord de Bougival, la réponse de l’État est tombée ce matin : toute manifestation est désormais interdite autour du Congrès, et toute participation pourra donner lieu à des poursuites pénales.
Cette mise au point ne laisse aucune place au doute. Le Haut-commissariat rappelle son rôle premier : garantir l’ordre public et protéger les institutions. Après une année marquée par des tensions encore vives dans les mémoires, l’État n’entend pas laisser s’installer la moindre zone de friction autour d’un moment institutionnel sensible.
L’arrêté n’est pas seulement préventif : il marque la volonté de l’État de ne pas laisser le débat politique basculer de la salle des délibérations vers la rue. Le Congrès doit pouvoir travailler sans pression extérieure. Les citoyens, eux, doivent être protégés d’un nouveau cycle d’instabilité.
Une réponse directe aux ambiguïtés du mouvement indépendantiste
L’interdiction intervient au lendemain de la publication d’un communiqué particulièrement offensif du FLNKS, qui appelait à une mobilisation « pacifique » tout en accusant l’État de pousser le pays dans une impasse institutionnelle. En réalité, la fermeté du Haut-commissariat traduit une conviction largement partagée : un rassemblement devant le Congrès, même déclaré paisible, n’est jamais neutre dans un contexte encore marqué par les événements de mai 2024.
L’État ne conteste pas le droit au débat, mais refuse que celui-ci se transforme en rapport de force physique. Le FLNKS tente d’ancrer l’idée que Paris imposerait un calendrier unilatéral ; l’arrêté, lui, réaffirme un principe simple : le respect du cadre démocratique ne peut pas dépendre de l’humeur des mobilisations.
Cette clarification ferme vient combler un vide créé par des mois d’hésitations, de refus de participer aux discussions et de postures contradictoires. Là où le FLNKS cherche un terrain émotionnel, l’État ramène le débat sur le terrain juridique.
Le FLNKS renvoyé à sa propre responsabilité politique
L’interdiction place désormais le mouvement devant une question délicate : appelle-t-il à braver la loi, au risque d’affaiblir encore sa crédibilité, ou renonce-t-il à un sit-in qui se voulait démonstration de force ?
Dans les deux cas, la situation révèle une dynamique que même ses cadres ne peuvent plus ignorer : le rapport de force ne se construit plus dans la rue.
La décision du Haut-commissariat rappelle aussi une réalité incontournable : l’avenir institutionnel du pays ne peut avancer que dans un climat stabilisé. Les Calédoniens attendent de la visibilité, pas un retour permanent aux tensions. L’État, en interdisant ce rassemblement, envoie un signal clair : le territoire ne repassera pas par les mêmes spirales d’escalade.
Ce que certains présentent comme un acte d’autorité est, en réalité, une mesure de protection. Elle protège les institutions, protège les élus, protège les citoyens et protège même le débat démocratique contre ceux qui voudraient le déporter sur un terrain où la pression supplante la discussion.
Dans un pays encore fragile, cette interdiction n’est pas un simple arrêté administratif. C’est une ligne posée. Une façon de dire que la démocratie ne se joue pas sur les marches du Congrès, mais à l’intérieur, et dans le respect de la loi.


















