Le petit déjeuner des adhérents du Medef-NC, ce jeudi 4 décembre, avait des allures de prise de conscience collective : l’avenir économique du pays passera par une jeunesse qu’il faut enfin écouter, accompagner et sécuriser. Au centre des échanges, le rapport anthropologique “De la tribu à l’entreprise”, véritable radiographie de la Caravane de l’Entrepreneuriat 2025.
Une jeunesse inventive mais en quête de confiance
Première conclusion, et non des moindres : les jeunes Calédoniens ne manquent ni d’idées ni de talent. Maintenance maritime, tourisme communautaire, transformation agroalimentaire, services mobiles… Les projets naissent presque naturellement dès lors qu’on les ancre dans la réalité du village, de la tribu ou du quartier.
Mais un obstacle récurrent demeure : le manque de confiance en soi et l’absence de repères clairs pour se lancer. Le rapport montre que les idées sont là, mais que la connaissance des parcours entrepreneuriaux, financement, formalités, assurances, modèle économique, reste largement insuffisante.
Un entrepreneuriat profondément social et culturel
Autre enseignement majeur : l’entreprise, pour les jeunes rencontrés, n’est jamais une aventure individuelle. « L’entreprise doit être individuelle, mais les retombées collectives », résume le rapport.
Une conception directement issue des valeurs kanak, où l’activité économique est indissociable du territoire, de la communauté et de l’impact social.
Pour le Medef-NC, cela ouvre une perspective claire : l’Économie Sociale et Solidaire n’est pas une mode importée, mais un modèle local légitime.
Les obstacles structurels : fiscalité, foncier et statut du néo-entrepreneur
Les freins identifiés sont bien connus mais rarement traités de manière systémique. Les jeunes et leurs parents mentionnent la même inquiétude :
- RUAM et charges dès le premier jour,
- absence d’un statut progressif type autoentrepreneur,
- complexité administrative,
- difficulté d’accès au foncier, en particulier en terres coutumières.
Résultat : une économie parallèle prospère et une multitude de micro-activités informelles.
Le rapport recommande la création d’un statut sécurisé, progressif et protecteur, adapté aux réalités calédoniennes. Le Medef-NC se dit prêt à porter cette proposition.
Un enjeu culturel : rapprocher l’entreprise de la jeunesse
Constat frappant : en tribu, la participation des jeunes est restée faible.
Pourquoi ? Parce que la parole coutumière ne touche plus toute la jeunesse, parce que le dispositif apparaît comme « extérieur », et parce que son rythme ne correspond pas à la vie du village.
La solution :
- impliquer davantage des jeunes relais,
- mobiliser des figures entrepreneuriales locales,
- utiliser les réseaux sociaux, WhatsApp et la vidéo.
L’innovation née de la contrainte : l’entrepreneuriat mobile
Faute de foncier disponible, les jeunes imaginent un modèle plus souple :
- garages ambulants,
- services itinérants,
- prestations intercommunales.
Une manière moderne de renouer avec les logiques anciennes de colportage : mobile, agile, culturellement accepté.
Ce que le Medef-NC retient pour 2026
Les perspectives portent quatre axes majeurs :
1. Renforcer le lien école–entreprise
Témoignages, visites, immersion : les élèves adhèrent lorsqu’ils voient des entrepreneurs de chez eux.
2. Porter la création d’un statut néo-entrepreneur sécurisé
Progressivité des charges, sas d’expérimentation, simplicité administrative : un chantier prioritaire.
3. Encourager l’entrepreneuriat territorial et social
Transformation locale, services, artisanat, économie circulaire : un gisement d’emplois encore sous-exploité.
4. Structurer de nouveaux partenariats avec les tribus et relais locaux
Jeunes leaders, parents, associations de jeunesse : la réussite passera par eux.
5. Développer l’entrepreneuriat par le jeu
Le jeu pédagogique de la Caravane ayant libéré l’expression et la créativité, un programme dédié pourrait voir le jour.
Un potentiel exceptionnel, pour peu que les outils suivent
Le rapport le dit sans détour : la Nouvelle-Calédonie dispose d’un vivier entrepreneurial puissant, mais encore mal équipé.
Les jeunes ont l’envie, la créativité et l’ancrage territorial.
Il leur manque la protection, les repères et les passerelles.
Le Medef-NC, engagé aux côtés du Lycée Jules Garnier, du Vice-rectorat, des entreprises partenaires et des collectivités, promet de poursuivre cet élan pour 2026.
Les adhérents présents — Guillaume de Guio, Bénédicte Barret (SECAL), Isabelle Laran (Total Energies), Lydia Gracia (FAIDYL), Audrey Chouieur (Clé en Main), Yannick Briffa (Euphedra), Aurélie Berenguer (Boost Yourself), Régis Biger (JLP), Sabine Pham (BCI), Chloé Duquesne (Grant Thornton), Julien Barras (Vinci), Bertrand Courte (Courte & Fils) — ont unanimement salué ces perspectives.
Les professeures présentes, dont Julie Micheli, ainsi qu’une élève de seconde venue témoigner, ont conclu la matinée avec un message clair : l’entrepreneuriat n’est pas une utopie, c’est une construction collective.


















