Ils parlent d’un pays « désindustrialisé ». Les chiffres, eux, révèlent une France qui tient encore debout parce que son industrie refuse le déclin.
Dans un monde où la puissance se mesure à la force productive, l’Hexagone reste un pilier discret, solide, stratégique.
Les géants industriels tirent la France : puissance, emplois et souveraineté
Dans la France productive, 3,4 millions de salariés travaillent chaque jour dans les usines, les ateliers, les réseaux énergétiques, les secteurs qui créent de la richesse réelle. Et contrairement au récit des déclinistes, ce tissu industriel reste l’un des plus structurés d’Europe. C’est ce qui découle d’une étude menée par l’Insee le 4 décembre dernier.
Il repose d’abord sur des acteurs de taille importante. Une centaine de grandes entreprises industrielles concentrent 34 % de l’emploi, tandis que plus de 2 000 ETI en concentrent 35 %. Autrement dit : 69 % des salariés de l’industrie travaillent dans des structures capables d’investir, d’exporter, d’innover. C’est une singularité française. Dans les autres secteurs, les grandes entreprises et ETI ne pèsent que 49 %.
Cette puissance organisationnelle n’est pas un hasard. L’industrie manufacturière exige du capital, des machines, des infrastructures bref, une vision à long terme. C’est le contraire d’une économie de rente ou d’assistanat. Et c’est ce qui explique l’efficacité économique du secteur : ces entreprises génèrent une productivité du travail supérieure de 19 % à la moyenne nationale et versent des salaires 11 % plus élevés que les autres secteurs marchands. Voilà la réalité que certains refusent de regarder.
Le poids des grands groupes nationaux dans l’énergie, l’eau, les déchets ou le transport illustre la continuité d’un modèle français fondé sur la force des infrastructures stratégiques. Ces secteurs, demandant un capital colossal, demeurent des bastions où la France n’a jamais renoncé à sa souveraineté.
Une industrie plus productive, mieux rémunérée et plus moderne que les autres
L’industrie française, souvent caricaturée, est en réalité la plus productive du pays. Et ce n’est pas un jugement idéologique mais un constat factuel : les immobilisations corporelles par salarié y sont 62 % plus élevées que dans les autres secteurs. Autrement dit, les entreprises industrielles investissent massivement, prennent des risques, modernisent leurs outils.
Cette dynamique se retrouve dans les salaires. Les salariés de l’industrie sont mieux rémunérés, parce que leur travail génère davantage de valeur ajoutée. Dans l’électricité et le gaz, par exemple, les salaires moyens dépassent de 34 % ceux des autres secteurs marchands. La France ne se contente pas de produire : elle paie mieux ceux qui créent la richesse réelle.
Les secteurs les plus capitalistiques énergie, gaz, réseaux, fabrication de matériel de transport sont ceux qui affichent les plus hauts niveaux de productivité et d’investissement. Là encore, nous sommes loin du discours de la « France qui décroche ». L’industrie investit, se modernise, robotise, recrute, exporte. Elle n’est pas seulement un héritage : elle est un moteur.
Même lors des périodes de tension, les indicateurs repartent à la hausse. Le taux de marge et le taux d’investissement, qui avaient reculé au début des années 2010, ont retrouvé un niveau supérieur à celui d’avant la crise sanitaire. En 2023, la marge atteint 30,1 % un chiffre qui confirme la vigueur retrouvée du secteur, notamment grâce à la baisse des charges après la transformation du CICE.
Voilà une France qui ne s’excuse pas de réussir.
Un secteur qui exporte, s’internationalise et montre que la France peut encore gagner
Dans un monde dominé par les blocs économiques, la France n’a rien d’un acteur marginal. 59 % des exportations totales du pays proviennent des seules grandes entreprises et ETI industrielles. C’est grâce à elles que notre balance commerciale tient encore debout. Les PME, elles aussi, participent à ce mouvement, même si leur internationalisation reste plus limitée.
Les entreprises industrielles à contrôle français ne se contentent pas de produire sur le territoire : près des deux tiers de leurs effectifs sont désormais situés à l’étranger, signe d’une présence mondiale assumée. Elles exportent en moyenne 47 % de leur chiffre d’affaires, un ratio remarquable dans la compétition européenne et mondiale.
Les groupes étrangers présents en France ne s’y trompent pas : ils emploient 738 000 salariés, soit 22 % des effectifs industriels. La France est un territoire attractif lorsqu’on parle de production. Elle l’est parce qu’elle dispose d’infrastructures, de compétences, d’une main-d’œuvre qualifiée et d’un marché technologique mature.
Les ETI sous contrôle étranger, notamment dans l’électronique, l’optique, la chimie, le caoutchouc ou l’automobile, illustrent cette réalité : la France est encore un hub industriel crédible. Nous ne sommes pas condamnés à devenir un pays musée.
Et surtout, contrairement au discours de renoncement, l’industrie française n’a pas disparu. Elle s’est adaptée, reconfigurée, renforcée, modernisée. Elle reste l’un des premiers piliers de notre souveraineté économique. Sans industrie, pas de puissance. Sans puissance, pas de liberté stratégique. C’est aussi simple que cela.
Les chiffres le prouvent : la France reste une nation industrielle majeure. 3,4 millions d’emplois, des salaires plus élevés, une productivité supérieure, des exportations colossales, une capacité d’investissement au-dessus de la moyenne voilà la réalité. Une réalité que certains voudraient masquer derrière un récit permanent d’effondrement.
Au fond, l’industrie française incarne ce que notre pays a de meilleur : la rigueur, l’effort, le courage productif, la compétitivité, la souveraineté.
Elle démontre qu’une France forte est encore possible.
Et surtout : qu’elle existe déjà.


















