Dans un contexte sanitaire fragile, l’arrivée de jeunes praticiens en formation apparaît comme un soulagement pour les territoires éloignés. Au CMS de La Foa, Castille, interne en médecine générale, fait partie de cette relève que la province Sud souhaite encourager et fidéliser.
Une vocation affirmée dès l’enfance
Originaire de l’Hexagone, Castille a toujours su que sa voie serait celle du soin.
Enfant, je rêvais de devenir vétérinaire
raconte-t-elle en souriant. Très tôt pourtant, la médecine s’impose à elle. Durant son externat, un stage bouleverse son parcours : la médecine générale.
Au bout d’une semaine, mes collègues m’ont dit : la chirurgie ce n’est pas pour toi, tu aimes trop échanger avec les patients. Trois mois plus tard, j’avais compris qu’ils avaient raison
Cette relation humaine directe, ce lien quotidien avec les patients, guidera le reste de son parcours.
L’appel de l’outre-mer et la diversité des pratiques
Lors du concours de l’internat, Castille choisit la filière « Médecine générale – Océan Indien », attirée par une pratique polyvalente et le défi des territoires isolés. Elle enchaîne les stages à La Réunion puis à Mayotte.
Ce sont des terrains où l’on apprend vite, parce qu’on doit s’adapter en permanence
explique-t-elle. Urgences variées, pathologies tropicales, faiblesse des moyens : autant d’éléments qui forgent une solide expérience. Son envie de Pacifique sud émerge rapidement. Mais la procédure administrative est dense.
C’est un système plus complexe qu’on ne l’imagine. Sans motivation, beaucoup renoncent
souligne-t-elle. Elle n’a pas renoncé et La Foa devient son premier terrain calédonien.
La Foa : un terrain exigeant, mais stimulant
Au CMS, Castille découvre une médecine « mixte », entre consultations de proximité et gestion de situations d’urgence.
Ici, les gens viennent moins pour un simple rhume. On voit des cas plus graves, plus avancés. C’est plus exigeant, mais très formateur
note-t-elle. Elle retrouve aussi des maladies tropicales familières : gale, leptospirose, infections cutanées. Les effets des émeutes se font encore sentir :
Certains secteurs fonctionnent au ralenti, mais les équipes sont motivées. On fait de la bonne médecine
assure l’interne.
Un dispositif d’accueil qui change tout
Logement, transport, démarches : l’arrivée d’un interne peut être un casse-tête. La province Sud l’a bien compris et a mis en place un dispositif d’accueil renforcé.
Dès notre arrivée, on a été accueillis à l’aéroport, on nous a logés, et même les courses pour le week-end étaient faites
confie Castille. La collectivité finance une partie du billet d’avion, contribue au logement et compense en partie l’indexation.
Venir ici s’est fait sans effort. C’est précieux quand on débarque si loin
reconnaît-elle.
Miser sur les jeunes médecins pour l’avenir
Castille restera à La Foa jusqu’à fin avril avant de poursuivre son internat. Elle sait déjà que cette immersion marquera sa carrière.
Travailler ici, c’est comprendre un territoire, ses contraintes et sa richesse humaine. On apprend autant des patients que de la médecine elle-même
confie-t-elle. Pour la province Sud, l’objectif est clair : attirer, former et peut-être retenir ces futurs médecins.
La Calédonie manque de professionnels de santé. Chaque interne qui découvre le territoire, c’est une possibilité de retour demain
rappelle un cadre de la direction de l’action sanitaire. En offrant une expérience complète, accompagnement logistique, immersion clinique, intégration locale, la collectivité espère transformer une parenthèse de formation en projet de vie. Pour Castille, l’idée n’est pas exclue :
On verra où l’avenir nous mène… mais c’est un territoire qui marque


















