La peur s’installe là où la tranquillité faisait encore consensus. À Poindimié, ce ne sont plus des rumeurs, mais une alerte citoyenne assumée.
Une alerte venue du terrain, portée par une soignante
Le signal d’alarme n’est pas venu d’un responsable politique, mais d’une sage-femme installée à Poindimié, à travers une publication publique devenue virale. Elle y décrit une dégradation rapide et inquiétante du climat sécuritaire, au point d’avoir pris une décision exceptionnelle : retarder l’ouverture de son cabinet pour alerter les autorités et la population.
Ce témoignage se distingue par sa sobriété et sa gravité. Il ne s’agit pas d’un discours militant, mais du ressenti d’une habitante, d’une mère, d’une professionnelle de santé qui affirme vivre depuis plusieurs semaines en hyper-vigilance permanente, incapable de dormir sereinement. Elle précise n’avoir jamais été agressée dans l’exercice de son métier, mais constate que le village qu’elle a choisi pour sa sécurité n’offre plus cette garantie aujourd’hui.
Cette parole publique illustre une réalité désormais assumée : Poindimié n’est plus un espace apaisé, et ceux qui y vivent et y travaillent refusent désormais le silence.
Violences, vols et alcool : une spirale désormais dénoncée
Dans un courrier collectif adressé aux autorités, les habitants détaillent des faits graves, répétés et désormais documentés. Les agressions ne sont plus ponctuelles : violences physiques, tentatives de vols de véhicules, intrusions nocturnes, y compris dans des domiciles où se trouvaient des enfants, ont été signalées.
L’un des faits les plus marquants reste l’agression violente d’une personne âgée à son domicile, frappée jusqu’à être projetée au sol avant d’être hospitalisée. Ces actes, survenus de jour comme de nuit, ont profondément marqué la population locale, qui évoque désormais un sentiment d’insécurité durable.
Un autre signal préoccupant, survenu jeudi soir, est venu renforcer ce climat de tension. Selon un témoignage, un médecin aurait été violemment pris à partie au Centre hospitalier territorial (CHT), avec des propos à caractère raciste. D’après ce signalement, les faits seraient connus de plusieurs personnes présentes sur place, sans avoir fait l’objet, à ce stade, d’un traitement médiatique.
Sans préjuger des suites judiciaires ou administratives, cet épisode contribue à alimenter un malaise plus large : le sentiment que la violence et l’agressivité débordent désormais jusque dans les lieux de soins, censés rester des espaces protégés et neutres.
Les habitants établissent par ailleurs un lien direct entre cette montée de la violence et la consommation d’alcool sur la voie publique, décrite comme quotidienne et incontrôlée. Selon eux, cette situation nourrit l’agressivité, la peur et les vols, tout en mettant en échec les capacités locales de réponse, notamment en matière de gendarmerie et de prévention.
Une mobilisation citoyenne pour des mesures immédiates
Face à ce constat, la fermeture symbolique du cabinet médical et l’appel à se rassembler devant la subdivision puis la mairie s’inscrivent dans une démarche citoyenne assumée, présentée comme un ultime signal d’alerte. Les habitants ne demandent pas des discours, mais des actions concrètes, visibles et durables.
Le courrier collectif insiste sur l’urgence : attendre un drame irréversible n’est plus acceptable. Les signataires dénoncent l’absence de patrouilles visibles, la lenteur des interventions et le sentiment d’abandon ressenti par la population du Nord. Ils exigent une réponse opérationnelle rapide, faute de quoi des actions collectives pourraient être envisagées pour faire valoir le droit fondamental à la sécurité.
Ce mouvement dépasse les clivages habituels. Il révèle une réalité trop souvent minimisée : sans sécurité, il n’y a ni soins, ni attractivité, ni maintien des services essentiels. Poindimié en offre aujourd’hui une démonstration brutale, mais lucide.

















