La Nouvelle-Calédonie traverse une crise historique, économique, sociale et institutionnelle.
Au sommet de l’exécutif, la présidence du gouvernement cristallise aujourd’hui toutes les critiques.
Une affaire judiciaire révélatrice d’un système à bout de souffle
Le classement sans suite des plaintes visant le général Frédéric Marchi-Leccia marque un tournant majeur dans une séquence qui aura durablement ébranlé la Sécurité civile calédonienne.
Son avocate, Me Nathalie Lepape, parle sans détour d’une cabale montée dans la précipitation, dénonçant une attaque injustifiée contre un officier reconnu pour sa rigueur, sa probité et son parcours irréprochable.
Mais au-delà du soulagement judiciaire, cette affaire agit comme un révélateur brutal des dérives internes.
En visant un général, c’est tout un système de règlements de comptes administratifs, de fragilités managériales et d’arrangements silencieux qui se retrouve exposé.
Une boîte de Pandore ouverte, laissant derrière elle un climat délétère, des agents démobilisés et une institution fragilisée.
Dans ce contexte, le silence et l’inaction politique du gouvernement Ponga interrogent lourdement.
Aucune clarification publique forte, aucune remise à plat transparente, aucune responsabilité politique assumée.
Une séquence symptomatique d’un pouvoir qui subit plus qu’il ne gouverne.
Diplomatie personnelle, économie délaissée et choix budgétaires contestables
Pendant que le pays s’enfonce, Alcide Ponga a multiplié les déplacements régionaux, présentés comme stratégiques mais aux résultats concrets plus que modestes.
Le tourisme local, pourtant levier immédiat de relance économique, reste le grand oublié du mandat.
Un choix lourd de conséquences, dans un pays ruiné, où chaque franc public devrait être sanctuarisé.
Plus grave encore, des millions de francs CFP ont été engagés dans des conventions avec des cabinets d’audit externes, alors même que l’administration calédonienne dispose des compétences internes nécessaires.
Un paradoxe pour un ancien maire de Kouaoua, censé connaître la valeur du service public de proximité.
Comme ses prédécesseurs, tout est communication, annonces, bilans et promesses.
Mais les grandes réformes structurelles fiscales, économiques et administratives dorment toujours dans les placards.
Le réel, lui, ne ment pas : chômage, pouvoir d’achat en berne, sentiment d’abandon.
Bilan officiel flatteur, réalité calédonienne implacable
Au terme de sa première année, Alcide Ponga a dressé un bilan 2025 se voulant rassurant.
Discours sur la protection des familles, la continuité des services essentiels, la préparation de l’avenir.
Mais sur le terrain, les Calédoniens vivent une autre histoire.
Le transfert d’Aircal vers La Tontouta est présenté comme une modernisation.
Pour beaucoup d’usagers, il rime surtout avec complexité accrue, coûts supplémentaires et incertitudes.
La réorganisation de la DSCGR, annoncée comme salvatrice, intervient après des mois de tensions et de dysfonctionnements.
Sur le nickel, pilier économique du territoire, le flou domine.
Des conférences relancées tardivement, des décisions repoussées, des salariés suspendus aux aléas internationaux.
La stratégie se résume à attendre, sans cap clair, sans vision industrielle affirmée.
Quant à l’intégration régionale, elle est invoquée comme solution miracle.
Mais le rayonnement ne nourrit pas les familles, et les Calédoniens attendent d’abord des emplois, de la sécurité et de la stabilité.
Même les économies annoncées, comme la dissolution de la Maison de la Nouvelle-Calédonie, apparaissent tardives et contraintes, plus subies que pensées.
La présidence Ponga incarne aujourd’hui une gouvernance sans souffle, prisonnière de sa communication et incapable d’affronter les défis structurels du territoire.
Dans une Nouvelle-Calédonie à bout de nerfs, les Calédoniens n’attendent plus des discours, mais des actes, du courage politique et une vision claire.

















