Revolut, symbole de la banque mobile européenne, va définitivement fermer ses portes numériques à la Nouvelle-Calédonie et à la Polynésie française.
Une fermeture programmée, confirmée noir sur blanc
La banque en ligne Revolut ne sera plus accessible depuis la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie française à compter du 20 février 2026.
Une décision loin d’être improvisée : elle était actée depuis près d’un an et a été rappelée en cette fin d’année par un courriel adressé aux clients concernés.
Dans ce message, Revolut indique sans ambiguïté que la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie française ne répondent pas à ses critères d’éligibilité.
Conséquence directe : l’ensemble des comptes sera clôturé automatiquement à la date butoir.
Les clients sont sommés d’anticiper. Revolut leur demande de retirer tous les fonds restants, de télécharger leurs relevés de compte et de préparer la transition vers d’autres établissements bancaires.
Aucune dérogation, aucun maintien partiel, aucune exception territoriale.
Après le 20 février, les comptes seront définitivement gelés. Les utilisateurs ne pourront plus recharger leur compte, payer par carte, retirer de l’argent aux distributeurs ni envoyer des fonds vers d’autres comptes Revolut.
Tout paiement ou virement entrant sera automatiquement refusé et renvoyé à l’expéditeur.
Une sortie brutale du quotidien numérique des Calédoniens
Pour de nombreux usagers, Revolut n’était pas un gadget financier, mais un outil du quotidien.
Paiements à l’étranger, abonnements numériques, achats en ligne, voyages, e-commerce : la néobanque répondait à des besoins que les réseaux bancaires traditionnels locaux peinent à couvrir.
À la fermeture, tout solde restant sera converti en euros et devra être transféré vers un compte bancaire externe.
La banque encourage explicitement ses clients à vider intégralement leur compte avant la date de clôture afin d’éviter tout frais ultérieur.
Les détenteurs de produits d’investissement sont également concernés.
Actions, obligations, cryptomonnaies, matières premières : toutes les positions devront être vendues avant le 20 février.
À défaut, Revolut procédera elle-même à la liquidation des actifs et transférera les fonds vers le compte principal, avec application de frais de gestion mensuels.
Une procédure automatique, froide, strictement conforme à ses obligations réglementaires.
Cette mécanique révèle une vérité simple : les territoires français du Pacifique sont traités comme des marchés secondaires, sans flexibilité ni adaptation.
Un blocage réglementaire français dénoncé par le gouvernement calédonien
La raison officielle invoquée par Revolut est juridique.
Malgré leur appartenance à la France, la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie française ne sont pas considérées comme des territoires européens au sens du droit financier.
Elles ne bénéficient donc pas du passeport européen prévu par le code monétaire et financier, qui permet à un prestataire agréé dans l’Union européenne d’opérer librement sur l’ensemble du territoire communautaire.
Cette situation impose aux acteurs comme Revolut d’obtenir un agrément spécifique de l’ACPR, procédure lourde, coûteuse et peu rentable au regard de la taille du marché local.
Résultat : le retrait pur et simple.
Christopher Gyges, membre du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie chargé de l’économie, a formellement alerté le ministre de l’Économie, Roland Lescure, dans un courrier argumenté et factuel.
Il y dénonce une barrière réglementaire structurelle, soulignée par l’Autorité de la concurrence de Nouvelle-Calédonie, qui freine l’accès aux services de paiement modernes.
Le constat est sévère : cette inapplicabilité du passeport européen a déjà conduit au départ d’acteurs majeurs comme Revolut ou Stripe, pourtant standards ailleurs en France et en Europe.
Selon cette analyse officielle, l’absence de ces solutions pénalise directement les consommateurs, réduit la concurrence, renchérit les coûts et freine l’innovation numérique locale.
Une fracture économique qui ne relève ni du hasard ni de la fatalité, mais bien d’un choix juridique national assumé.
Le gouvernement calédonien appelle explicitement à une évolution législative du code monétaire et financier afin d’étendre la reconnaissance du passeport européen aux collectivités d’outre-mer et à la Nouvelle-Calédonie.
















