Un triple coup de semonce budgétaire
Mercredi 25 juin 2025, le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie a adopté une série de mesures d’urgence face à une crise budgétaire sans précédent. Gel des avancements pour les agents publics, aides exceptionnelles au maintien de l’emploi, réduction des charges patronales : la machine institutionnelle tente de ne pas sombrer.
En toile de fond, les conséquences dramatiques des violences du 13 mai 2024, qui ont mis à genoux les finances publiques et provoqué une montée en flèche du chômage. La priorité affichée : sauver ce qui peut encore l’être.
Avancements suspendus : le couperet tombe pour les agents publics
Première annonce choc : l’arrêt brutal de l’ancienneté pour les fonctionnaires et contractuels du territoire. Du 1er janvier 2026 au 31 décembre 2027, plus aucun avancement d’échelon, de grade ou de classe ne sera pris en compte pour les agents publics de Nouvelle-Calédonie.
Objectif affiché : 1,7 milliard de francs d’économies sur la masse salariale. Sont concernés tous les statuts : fonctionnaires, contractuels de droit public ou privé, personnels hospitaliers, collaborateurs politiques… Une décision inédite dans l’histoire administrative du territoire, qualifiée de “mesure de rigueur budgétaire inéluctable”.
Précision importante : cette suspension ne remet pas en cause les droits à la retraite ni les périodes de titularisation en cours.
Un dispositif de maintien à l’emploi en urgence absolue
Deuxième pilier du plan de sauvetage : un soutien direct aux entreprises et aux salariés par la création d’une allocation exceptionnelle de maintien dans l’emploi. Ce dispositif s’appliquera du 1er juillet au 31 décembre 2025 et ciblera les entreprises toujours touchées par les effets des exactions de 2024.
Les salariés bénéficieront d’une indemnité horaire indexée sur le SMG, plafonnée à 125 heures par mois, avec une obligation pour l’employeur de garantir 44 heures de salaire minimum, même sans activité. Le but : éviter une explosion des licenciements et stabiliser le tissu économique.
Des baisses de charges pour relancer les embauches
Troisième mesure : une réduction dégressive des cotisations patronales, financée par un « fonds emploi » dédié. Cette aide concernera uniquement les nouvelles embauches en CDD ou CDI de plus de six mois, dans la limite de trois SMG majorés de 150 %.
Mais attention : pas question de tricher. Si un salarié licencié est réembauché dans les trois mois, la réduction est annulée. Le gouvernement entend ainsi éviter les effets d’aubaine et encourager de vraies créations d’emplois.
Une politique de survie dans un territoire fracturé
Entre coupes salariales, aides ciblées et allègements fiscaux, le gouvernement calédonien tente de garder le cap. Ces décisions, annoncées en conseil sous la présidence d’Alcide Ponga, illustrent un changement d’ère : l’heure n’est plus aux ajustements, mais à la survie.
Ces mesures s’inscrivent dans un climat d’instabilité durable où l’État, les collectivités, les entreprises et les citoyens doivent repenser leur modèle de fonctionnement. En attendant une éventuelle refondation institutionnelle, la Calédonie vit sous perfusion.