Je me réveille, Paris nous ferme la porte. La Maison de la Nouvelle-Calédonie va disparaître. 9 janvier rideau, six mois plus tard dissolution. Trop chère, plus dans les clous juridiques, plus personne pour payer la note. On coupe le robinet, on promet une « nouvelle structure plus légère ». Traduction : on serre les dents et on espère que les étudiants et les malades ne seront pas les variables d’ajustement.
Pendant ce temps, Bougival sur Nouméa, joue les équilibristes. La ministre veut une « nouvelle version de Bougival ». Les facilitateurs cherchent une ligne ultra-fine : rassurer UNI, Calédonie ensemble et Éveil océanien sans faire exploser les Loyalistes et le Rassemblement. Tout ça avant le vote consultatif du Congrès lundi. L’État dit que c’est fragile et difficile. On confirme : c’est surtout illisible pour tout le monde.
En face, le FLNKS prépare son congrès extraordinaire et son retour de scène : Christian Tein arrive aujourd’hui
Le mouvement dénonce les « propos radicaux anti-indépendantistes », s’inquiète pour sa sécurité, parle de « président transformé en ennemi public numéro un ».
D’un côté la peur de revoir mai 2024, de l’autre la peur d’un pays où plus personne ne peut revenir sans tension. Ambiance apaisée, qu’ils disaient.
Au même moment, le pays brûle pour de vrai.
À l’Île des Pins, plus de 600 hectares sont partis en fumée. Feu ralenti par un peu de pluie, pas éteint. Deux hélicos bombardiers d’eau, Orsec niveau 2, vent capricieux, et maintenant le front qui guigne l’aérodrome. On manque même de kérosène. On a donc le cocktail parfait : flamme, fatigue, logistique au bord.
Côté santé, quelques lueurs. Un nouveau médecin au Mont-Dore Sud, consultations stables, coopération public/privé, après des mois de sous-médicalisation post-émeutes. L’ATIR relève la tête : site de Dumbéa réparé, matériel relancé, nouveaux médecins recrutés. On a brûlé des centres de dialyse, mais on a réussi à ne pas lâcher les 700 dialysés. La honte reste pour ceux qui ont tout détruit, pas pour ceux qui pansent.
Dans les collèges, par contre, ça explose. À Koumac, un élève de cinquième met un coup de poing en plein visage à une prof. Débrayage, choc, et une certitude : la violence scolaire n’est plus un « fait divers ».
À Koné, sit-in, banderoles, harcèlement, vice-recteur en mode pompiers. Tout le monde parle de « climat éducatif », mais sur le terrain, les adultes règlent leurs comptes devant les enfants.
Sur le front économique, NMC tire la sonnette d’alarme devant le Haut-Commissariat. Problème de trésorerie, besoin de milliards, menace de cessation de paiement d’ici mi-décembre. Derrière, des centaines de familles, des sous-traitants, des communes entières suspendues à un virement qui n’arrive pas.
Et pendant qu’on énumère les crises, un autre dossier ressurgit :
le général Marchi-Leccia est classé sans suite par la justice. Pas de détournement, pas de harcèlement retenu. Officiellement, il est blanchi. Officieusement, huit mois de soupçon, une carrière suspendue, une institution secouée. Son camp parle désormais de cabale et se prépare à la contre-attaque sur le terrain administratif. Quand la sécurité civile devient un champ de bataille interne, c’est tout le pays qui se demande qui tient vraiment la lance à incendie.
Bref.
On vit dans un pays où tout vacille en même temps, mais où, bizarrement, personne n’a encore lâché la barre.

















