Deux générations, deux examens, un même enjeu : mesurer enfin le niveau réel des élèves après une année marquée par les tensions et les doutes.
Et derrière les chiffres, une vérité brute : la méritocratie retrouve sa place en Nouvelle-Calédonie.
Le retour à des épreuves normales : un test de vérité pour le système scolaire
Après les émeutes de 2024, qui avaient forcé le vice-rectorat à valider le bac au contrôle continu, l’édition 2025 marquait un retour indispensable à l’exigence républicaine. Cette fois, les 3 091 candidats ont passé des épreuves complètes, écrites et orales, dans les trois voies : générale, technologique et professionnelle.
Le premier verdict est clair : 70,6 % des élèves obtiennent leur diplôme, soit 2,3 points de plus qu’en 2023, année de référence utilisée par le vice-rectorat. Mais derrière l’amélioration du taux global, les moyennes chutent.
Dans la voie générale, la moyenne aux spécialités tombe à 10,5 sur 20, loin des 12,4 enregistrés il y a deux ans. Même tendance pour le Grand oral : 14,1 cette année, contre 15 en 2023. La voie technologique n’échappe pas au phénomène : 12,2 contre 12,9 précédemment.
Autrement dit : plus de diplômés, mais un niveau plus faible. Un constat qui, dans un territoire où l’école doit redevenir un pilier d’autorité, devrait nourrir une réflexion urgente.
Mentions, écarts entre voies : une photo contrastée du niveau scolaire
Du côté des mentions, le tableau est plus nuancé. Près de 1 240 bacheliers sont distingués, soit 57 %, légèrement plus qu’en 2023. Mais cette hausse provient presque exclusivement du niveau Assez bien, qui explose à 63,2 % des mentions.
À l’inverse, les mentions Très bien reculent à 11,6 %, et les mentions Bien chutent à 25,2 %.
Une photographie nette : les meilleurs reculent, les moyens progressent, signe d’un nivellement qui interroge ceux qui défendent une éducation fondée sur l’effort et l’élitisme républicain.
Voie par voie, l’écart est tout aussi marqué.
Dans le baccalauréat général, pourtant considéré comme le plus exigeant, le taux d’admis plafonne à 81,6 %, soit 3,3 points de moins qu’en 2023. Quatre-vingt-neuf élèves, soit 8 %, sont convoqués au second groupe. On compte 117 mentions Très bien, dont 24 assorties des félicitations du jury.
À l’opposé, le baccalauréat technologique affiche un bond spectaculaire : 64,9 % d’admis, soit 9 points de plus qu’en 2023. Cent vingt-cinq élèves (16,5 %) passent au second groupe, et seulement 7 mentions Très bien sont décernées.
Enfin, le baccalauréat professionnel progresse : 64,1 % d’admis, +3,1 points. Quatre-vingt-quinze candidats (7,6 %) sont attendus au second groupe, avec 20 mentions Très bien et 412 mentions au total, soit plus de 51 % des admis.
Ce découpage confirme une tendance lourde : la voie générale décroche, tandis que les voies technologique et professionnelle reprennent du terrain. Une évolution qui pose une question centrale : l’école valorise-t-elle encore l’excellence ou se contente-t-elle d’éviter les échecs ?
Second groupe, calendrier et pression finale : la dernière marche avant l’université
Trois cent neuf candidats, soit 10 % de l’ensemble, sont convoqués au second groupe à partir du 15 décembre 2025. Les délibérations auront lieu le 16 décembre, et les résultats seront publiés dans la foulée.
Cette étape, souvent décisive pour des élèves à la limite de la réussite, sera aussi un moment de vérité pour un système éducatif qui doit sanctionner le travail, pas l’abandon. Le vice-rectorat rappelle d’ailleurs une donnée frappante : la proportion d’ajournés reste limitée à 10 %, un chiffre en forte baisse par rapport aux 16 % de 2023.
Pendant que les nouveaux bacheliers découvrent leurs résultats, les collégiens de troisième entrent à leur tour dans l’arène. Le Diplôme national du brevet a débuté ce jeudi 11 décembre dès 7 h 30 avec l’épreuve de français, avant les sciences vendredi 12 décembre. Les résultats tomberont le 19 décembre à 14 h.
Une séquence intense où deux générations d’élèves sont rattrapées par la même exigence : celle d’un système éducatif qui doit, enfin, remettre au centre l’effort, le travail et l’autorité.
Dans un territoire qui aspire à la stabilité et au redressement, la réussite scolaire n’est pas un détail : elle conditionne l’avenir du pays.


















