La Nouvelle-Calédonie engage enfin une réforme attendue depuis des années, tournant le dos à la bureaucratie qui étouffait son économie.
Un choix clair : remettre la simplicité, la transparence et la responsabilité au cœur de l’action publique.
Rétablir la confiance : l’administration change de méthode
Dans un territoire où la complexité administrative est devenue un frein reconnu, l’exécutif calédonien engage un virage assumé : remettre la confiance au centre du pacte entre entreprises et institutions. Lors de sa dernière réunion de collégialité, le gouvernement a arrêté un projet de loi du pays, validé après son passage devant le Conseil d’État, qui vise à simplifier durablement les procédures, fluidifier la relation avec les usagers économiques et favoriser l’attractivité du territoire.
Le contexte économique est tendu, et les entreprises réclamaient depuis longtemps un cadre juridique plus lisible. Le gouvernement répond par une réforme structurante qui entend rompre avec l’idée d’une administration soupçonneuse par principe. Désormais, le silence gardé par l’administration pendant deux mois vaudra accord dans les domaines social, commercial, fiscal ou du travail. Une petite révolution qui renverse une logique souvent vécue comme punitive et chronophage.
Autre pilier : le droit à l’erreur. Un entrepreneur de bonne foi pourra corriger spontanément une déclaration fiscale, sociale, douanière ou économique, sans être assimilé à un fraudeur. Cette disposition, largement saluée dans d’autres territoires, établit une ligne simple : l’administration ne doit plus sanctionner avant d’accompagner.
Enfin, la philosophie du « Dites-le-nous une fois » s’impose. Les administrations, y compris la CAFAT et les établissements publics, devront désormais échanger les informations déjà fournies par un usager. Le but est clair : mettre fin aux démarches répétitives qui infantilisaient les entreprises et faisaient peser un coût invisible mais massif sur l’activité. Un échange de données encadré pour préserver la confidentialité, mais pensé pour fluidifier les relations.
Faciliter la vie des entreprises : un modèle plus compétitif
Le gouvernement veut replacer la Nouvelle-Calédonie dans les standards internationaux du climat des affaires. Cette réforme poursuit un objectif simple : renforcer l’attractivité économique, soutenir l’investissement et alléger les charges administratives qui entravent encore trop souvent la création de richesse locale.
Au cœur de ce chantier figure la création du registre unique des entreprises (RUE). Ce futur registre, entièrement dématérialisé, remplacera l’actuel empilement des registres : RCS, RIDET et autres dispositifs devenus obsolètes. Une entreprise n’aura plus qu’un numéro unique d’identité via une immatriculation en ligne. Une architecture plus moderne, plus claire et surtout plus efficace. Les dispositions réglementaires et la réforme des chambres consulaires entreront en vigueur le 1ᵉʳ janvier 2027.
Second levier : le guichet unique numérique des entreprises (GUE). Cette plateforme deviendra le point d’entrée de toutes les formalités : création, modification, cessation d’activité et immatriculation au RUE. Interopérable avec les administrations, ce guichet vise à réduire drastiquement les délais et les coûts, permettant aux entrepreneurs de se concentrer sur leur cœur de métier et non sur des labyrinthes de formulaires.
D’autres simplifications concrètes accompagnent la réforme. La double publication au Journal officiel de Nouvelle-Calédonie et dans un journal d’annonces légales disparaît. Une publication unique suffira, limitant les frais pour les entreprises. Certaines déclarations fiscales ou sociales doublonnantes sont supprimées, notamment celles liées à l’existence de l’entreprise ou à la première embauche. L’obligation d’enregistrement des statuts pour les sociétés créées par apports en numéraire disparaît, elle aussi.
Les formalités pour les ventes au déballage, les liquidations ou le démarchage à domicile sont allégées. Désormais, l’administration privilégiera les contrôles a posteriori, une manière d’accorder davantage de liberté opérationnelle à ceux qui créent l’activité réelle.
Moderniser le droit : un cadre juridique enfin adapté au numérique
La réforme ne s’arrête pas aux démarches administratives. Elle modernise aussi le droit calédonien des contrats, de la preuve et des sûretés pour l’adapter pleinement à l’ère numérique. Objectif : sécuriser les transactions électroniques, fluidifier les engagements et renforcer la confiance dans les échanges dématérialisés.
Le texte simplifie notamment le régime du cautionnement. La mention manuscrite, autrefois indispensable, n’est plus obligatoire. Les actes peuvent désormais être établis par voie électronique, ce qui lève un frein majeur à la dématérialisation dans le monde économique. Les sûretés gage, caution, garanties diverses deviennent plus simples à constituer et plus faciles à tracer.
Le droit de la preuve est également revisité. Les parties pourront définir contractuellement les modalités permettant d’établir leurs droits, une souplesse importante dans les relations économiques contemporaines. Et surtout, une copie fiable aura désormais la même force probante que l’original. Une avancée majeure pour l’archivage électronique, qui évite aux entreprises des coûts de conservation longtemps jugés excessifs.
La délibération du Congrès vient, elle, établir un cadre solide pour les services de confiance : signature électronique, cachet électronique, horodatage. Des outils devenus essentiels pour garantir l’intégrité des documents et sécuriser les transactions en ligne. Une forme de normalisation attendue, qui rapproche la Nouvelle-Calédonie des standards internationaux.


















