Le parquet de Nouméa a décidé de classer sans suite la plainte déposée par l’association SOS Racisme à l’encontre du quotidien La Voix du Caillou, accusé d’injure raciale et de provocation à la haine ou à la violence raciale. Cette plainte, initiée par Jeanne Dupont, une étudiante calédonienne résidant au Canada, faisait suite à un éditorial controversé publié mi-mars dans les colonnes du journal.
Tout commence le 17 mars 2025, lorsqu’un édito satirique de La Voix du Caillou évoque les nuits mouvementées du centre-ville de Nouméa en des termes métaphoriques : « une faune sauvage », « une espèce endémique », « des drôles d’oiseaux de nuit, mâles et femelles, souvent jeunes, aux cris singuliers dont les messages restent un mystère pour la science ». Si le journal revendique une tonalité humoristique et critique de la délinquance nocturne, l’édito suscite immédiatement une vague d’indignation.
Jeanne Dupont saisit SOS Racisme
C’est Jeanne Dupont qui, estimant que le texte cible de manière détournée la jeunesse kanak, saisit l’association SOS Racisme. Celle-ci dépose une plainte auprès du parquet de Nouméa le 19 mars pour injure raciale publique et provocation à la discrimination ou à la violence raciale, des délits encadrés par la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse. Une enquête est alors ouverte, confiée à la brigade cybercriminalité de la gendarmerie nationale.
Dans un message publié sur les réseaux sociaux, Jeanne Dupont écrivait que La Voix du Caillou allait devoir « répondre de ses actes ». Plusieurs journalistes locaux ont relayé ces propos, et le débat s’est enflammé en ligne. L’auteur de l’édito a même vu sa photo circuler sur les réseaux sociaux, accompagnée de commentaires violents et menaçants.
Le parquet tranche : infraction insuffisamment caractérisée
Après plusieurs semaines d’enquête, le parquet a rendu sa décision : classement sans suite, pour infraction insuffisamment caractérisée. En clair, les éléments juridiques ne permettent pas d’engager de poursuites.
La Voix du Caillou s’est réjoui de cette décision, qu’elle a rendue publique dans son édition des 24 et 25 mai, estimant que la plainte n’avait pour but que d’intimider et de fragiliser le journal. La rédaction a également dénoncé l’absence de couverture équivalente dans les médias locaux concernant cette issue, par contraste avec le traitement initial de l’affaire.
Quant à SOS Racisme, l’association déclarait récemment réfléchir aux suites à donner à cette décision de non-lieu.