TRIBUNE. Après le scandale Legrand-Cohen, Max Brisson tire la sonnette d’alarme. Pluralisme, indépendance, impartialité : ces trois principes devraient être, en vertu de la loi de 1986, la boussole du service public de l’audiovisuel, estime le sénateur LR des Pyrénées-Atlantiques.

Impartialité ?Lorsque deux chroniqueurs du service public, Thomas Legrand et Patrick Cohen, distillent, à mots à peine couverts, la manière dont ils souhaiteraient user de leur influence pour orienter les auditeurs à des fins électorales. Impartialité ? Lorsqu’ils défilent ensuite sur les antennes pour se justifier face à des collègues complaisants, transformant l’entre-soi médiatique en tribunal d’acquittement permanent.
Beaucoup ont retenu leurs attaques contre Rachida Dati. Peu, en revanche, ont relevé cette phrase de Thomas Legrand, se vantant devant deux cadres du Parti socialiste : « Le marais centre-droit, centre-gauche, on ne les entend pas beaucoup, mais ils écoutent France Inter. Et ils écoutent en masse ! »
Faut-il en déduire que France Inter est considérée comme un outil de propagande électorale ? Que le service public pourrait être instrumentalisé pour promouvoir une candidature ou un projet politique ? Aux dépens de la vérité et de l’honnêteté intellectuelle ? L’Arcom a réagi en annonçant un contrôle accru de l’impartialité du service public. Bonne nouvelle, diront certains. Mais alors, comme je l’ai demandé à son président Martin Ajdari au Sénat : cela signifie-t-il qu’il n’était pas soumis jusque-là à cette exigence fondamentale ?
Tromper les Français n’est pas du journalisme
Impartialité encore ? Lorsque du 10 au 20 septembre, les antennes publiques ont déroulé le tapis rouge à Gabriel Zucman : invité des « Matins » de France Culture, de « C à vous » sur France 5, du « Grand entretien » sur France Inter et, apothéose, du 20 Heures de France 2. Excusez du peu. Objet de cette tournée médiatique : sa fameuse « taxe Zucman », un dispositif de matraquage fiscal ardemment défendu par la gauche. Sur les plateaux, pas de contradicteur, mais beaucoup de complaisance.
Impartialité ? Quand on présente Zucman comme un universitaire neutre, jamais comme ce qu’il est : l’architecte de l’arsenal fiscal de Place Publique, le co-rédacteur des programmes économiques de la Nupes et du NFP, le directeur de l’UE Tax Observatory financé, entre autres, par George Soros. Pas un mot, pas une mention. Comme si l’information devenait secondaire quand elle contrarie la cause. Tromper les Français n’est pas du journalisme. Qu’il soit invité au nom du pluralisme, soit. Mais au nom de l’impartialité, il doit être contredit et présenté pour ce qu’il est : un militant de gauche, assumé et actif.
Impartialité enfin ? Quand Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déclarait en 2023 à l’Assemblée que le service public « essaye de représenter la France telle qu’on voudrait qu’elle soit », avant de qualifier deux ans plus tard CNews « d’extrême droite » ?
Faut-il comprendre que l’audiovisuel public se verrait investi d’une mission politique : servir de contrepoids au groupe Bolloré, coûte que coûte ? Non. Ni la loi ni les Français n’ont confié au service public ce rôle de « missionnaire » chargé de distribuer le prêt-à-penser, d’enseigner le « moralement correct » et de travestir les faits pour coller à une vision idéologique.
Non. Le service public n’a pas vocation à servir une rédaction, un parti ou un courant militant. Les chaînes publiques appartiennent aux Français. Ce sont eux qui les financent par l’impôt. Ils sont donc en droit d’attendre une information sérieuse, vérifiée, honnête. Une information respectueuse du pluralisme et de l’impartialité. Une information pour tous, y compris pour ceux qui ne votent pas comme MM. Legrand, Cohen, Zucman, Arfi, ou Mme Ernotte. Car, en démocratie, le service public n’est pas la voix d’un camp : il est le bien commun de tous les citoyens.
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