Des jours intenses, un territoire sous tension, une ministre qui assume le terrain.
Pour sa dernière séquence, Naïma Moutchou a choisi la franchise plutôt que les discours préfabriqués.
Une ministre au contact des réalités : Rivière-Salée, symbole d’un territoire qui se reconstruit
Pour sa dernière journée, Naïma Moutchou s’est rendue à Rivière-Salée, ce quartier qui a été l’un des épicentres des émeutes du 13 mai 2024. Pas de mise en scène, pas de visite protocolaire. Une heure dans les couloirs du lycée Petro-Attiti, établissement qui avait été ravagé lors des violences.
La ministre n’a pas cherché à enjoliver : elle a parlé de « conditions d’apprentissage dignes », rappelant que l’avenir du territoire se joue dans ses salles de classe. Un message clair, assumé : l’État ne reculera pas.
Le proviseur, Éric Vallon, a détaillé les phases de reconstruction et la rénovation déjà engagée. Bâtiments remis debout, ateliers à remettre à niveau, internat à rééquiper : les besoins sont massifs. « Elle était à l’écoute, vraiment », assure-t-il.
Une phrase revient, lourde de sens : « On va pouvoir compter sur elle. »
Car si les financements pour les murs sont actés, il faut désormais financer les outils, l’internat, la cantine. Autrement dit : redonner au lycée les moyens de tourner, pas seulement des façades repeintes.
Finances locales : les maires sonnent l’alarme et demandent une présence renforcée de l’État
Deuxième étape : la réunion avec les maires.
Sur les 33 édiles, 23 ont répondu présents. Un chiffre qui en dit long sur l’attente, parfois même sur l’inquiétude.
Les communes sont exsangues, frappées par la baisse de recettes, les effets des émeutes et l’inflation des coûts.
Florence Rolland, maire de La Foa, a été nette :
Sans l’État, les communes ne peuvent pas survivre.
Un constat froid, lucide : 2026 reste une inconnue budgétaire totale.
Même son de cloche à Pouébo, où son maire Florentin Dedane évoque 300 millions de francs de subventions perdues. Une somme colossale pour une petite commune. Et derrière, une menace : la mise sous tutelle.
Le maire de Boulouparis, Pascal Vittori, a lui aussi rappelé les faits : l’aide de l’État a permis aux communes de finir correctement l’année, notamment pour les cantines et le transport scolaire. Mais cela ne suffira pas pour 2026.
Les recettes locales s’effondrent, l’administration locale avertit de nouvelles baisses : seul l’État est désormais en mesure d’amortir le choc.
La ministre a écouté, pris note, promis de faire remonter. Mais surtout, elle a assumé une vérité : Paris ne laissera pas tomber le territoire.
Tindu, Congrès, accord de Bougival : l’État maintient le cap malgré les fractures politiques
Dans l’après-midi, direction Tindu. Un quartier populaire, souvent oublié, parfois caricaturé. Là aussi, la ministre a rencontré habitants, associations, responsables de la Sic.
Transport à l’arrêt, image du quartier, insécurité, rénovation urbaine : on ne lui a rien caché.
Et elle n’a rien éludé.
Puis sont venues les rencontres bilatérales avec les groupes politiques du Congrès.
Un point d’étape décisif après une semaine de discussions : quatre engagements majeurs émergent, et tous convergent vers la même direction le redressement institutionnel et économique du territoire.
• Soutien à l’accord de Bougival
• Organisation d’une consultation citoyenne anticipée (février 2026)
• Poursuite des discussions pour clarifier la mise en œuvre de l’accord
• Lancement d’un plan de relance « à la hauteur des défis »
Des points confirmés par un communiqué officiel du ministère.
Seule ombre au tableau : le FLNKS, désormais amputé du Palika, a refusé de s’engager dans cette dynamique.
Pas de mandat, pas d’ouverture au dialogue, pas de volonté de négocier. Une posture qui l’isole, au moment où toutes les autres forces politiques acceptent de soumettre l’accord de Bougival au peuple avant un passage au Parlement.
La ministre en a pris acte sans détour : l’État avancera avec ceux qui veulent avancer.
Cette première visite de Naïma Moutchou aura été menée au pas de course, mais avec une ligne constante :
présence de l’État, fermeté, reconstruction, soutien aux communes, relance économique, clarté politique.
Car la prochaine étape s’annonce cruciale : l’examen de la loi de finances, mardi 18 novembre, avec les crédits destinés à l’Outre-mer et, plus particulièrement, à la Nouvelle-Calédonie.
Un moment charnière, attendu par tous les élus comme par la société civile, qui dira une chose simple :
à quelle hauteur l’État accompagnera le territoire dans sa reconstruction.
Un cap, une méthode, un style : pour sa première visite, Naïma Moutchou a voulu montrer que l’autorité de l’État n’est pas un mot creux.

(Crédit photo : Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie)





































