Chaque année, le 3 décembre vient rappeler une vérité que beaucoup préfèrent ignorer : derrière les discours officiels et les campagnes « inclusives », les personnes handicapées continuent de payer le prix fort de l’indifférence.
L’ONU parle d’un monde où plus d’un milliard d’individus vivent avec un handicap. Dans la réalité, la majorité d’entre eux se heurte quotidiennement à des barrières sociales, administratives et économiques qui les excluent plus qu’elles ne les protègent.
Cette journée n’est pas seulement commémorative : elle met en lumière ce que nos sociétés refusent encore de regarder en face.
Un constat mondial inquiétant : l’égalité reste théorique
Au niveau international, la situation est sans appel :
- 80 % des personnes handicapées vivent dans des pays à revenu faible ou intermédiaire ;
- le chômage les touche deux à trois fois plus que les autres ;
- l’accès à l’éducation reste dramatiquement insuffisant pour des millions d’enfants.
Dans les pays développés, le tableau n’est guère plus flatteur. Derrière les normes, les lois et les plans d’action successifs, on constate un écart abyssal entre l’ambition politique et la réalité du terrain. Rares sont les États qui investissent réellement dans l’accessibilité, tant l’inclusion est perçue comme un coût plutôt qu’un impératif moral.
Il y a des rampes, oui. Mais trop souvent, il n’y a ni moyens, ni suivi, ni volonté.
Un handicap invisible : quand la société refuse de voir
Au-delà des handicaps physiques, les troubles psychiques, cognitifs ou sensoriels restent les grands oubliés des politiques publiques.
Or, ce sont eux qui génèrent le plus fort niveau d’exclusion : difficulté à se soigner, à travailler, à se loger.
Le problème n’est plus technique : il est culturel. On ne veut pas voir ce qui dérange.
Dans de nombreux pays, l’individu handicapé demeure le symbole silencieux de ce qui manque le plus à nos sociétés modernes : la capacité d’empathie réelle.
Où en est la Nouvelle-Calédonie ?
Sur le papier, la Nouvelle-Calédonie dispose d’un cadre juridique solide, largement aligné sur celui de la France. Dans les faits, le territoire se trouve dans une situation paradoxale :
- il bénéficie d’un système de santé performant ;
- il souffre d’un manque criant de structures spécialisées, notamment en troubles du spectre autistique, en santé mentale et en accompagnement précoce ;
- il fait face à une pénurie chronique de professionnels (ergothérapeutes, psychomotriciens, éducateurs spécialisés).
Les familles dénoncent une réalité bien connue : pour obtenir un diagnostic, un suivi ou une place en structure, il faut attendre, insister, ou payer. Les zones rurales sont encore plus pénalisées, faute de services de proximité.
La Calédonie n’est pas en retard par manque de volonté : elle l’est par manque de moyens, d’effectifs, et parfois de coordination entre institutions.
Mais elle se distingue par une force : une solidarité communautaire qui compense souvent les carences administratives. Une richesse sociale que beaucoup de grandes nations ont perdue depuis longtemps.
Cette journée du 3 décembre est un rappel essentiel : une société se juge à la manière dont elle traite ceux qui ne peuvent pas tout faire seuls.
Le handicap n’est pas un concept, c’est une réalité vécue. Et tant que l’on continuera de produire de belles phrases pour éviter de régler les vrais problèmes, l’inclusion restera un slogan creux.
La question n’est plus : « Que devons-nous faire ? »
La question est : quand déciderons-nous enfin de le faire ?














