Chaque 11 décembre, la Journée internationale de la montagne tente de nous rappeler une évidence que l’on oublie volontiers : sans les montagnes, le monde moderne s’effondrerait.
Elles fournissent l’eau potable à plus de 50% de la population mondiale, abritent 25% de la biodiversité terrestre et stabilisent des régions entières.
Pourtant, elles sont les premières victimes du changement climatique, de la déforestation et de l’exploitation intensive.
Les montagnes sont essentielles, mais elles ne crient pas. Alors on les ignore.
Un écosystème mondial en état d’urgence
Les rapports internationaux sont formels :
- les glaciers fondent à une vitesse record ;
- les sources d’eau disparaissent plus vite qu’elles ne se renouvellent ;
- les catastrophes naturelles (coulées de boue, éboulements, crues soudaines) explosent ;
- des milliers de communautés montagnardes sont désormais menacées de déplacement forcé.
Les grandes puissances évoquent l’urgence climatique dans les sommets internationaux, mais sur le terrain, la protection des zones montagneuses n’est pas prioritaire.
L’économie prime, même lorsque les populations locales paient le prix fort.
La montagne n’a jamais été autant utilisée, et jamais autant négligée.
Biodiversité fragile : un trésor sous pression
Les montagnes abritent une biodiversité unique : plantes endémiques, espèces adaptées à l’altitude, écosystèmes d’une précision remarquable.
Mais ces équilibres naturels sont aujourd’hui menacés par :
- la déforestation,
- l’urbanisation non maîtrisée,
- l’agriculture intensive,
- l’exploitation minière,
- le tourisme de masse.
Partout, les scientifiques tirent la sonnette d’alarme :
une montagne perturbée finit toujours par se venger et les plaines en subissent les conséquences.
La Nouvelle-Calédonie et ses montagnes, un patrimoine sous tension
La Nouvelle-Calédonie n’a pas les Alpes, l’Himalaya ou les Rocheuses, mais elle possède des massifs uniques au monde, notamment dans la Chaîne centrale, véritables refuges écologiques de la biodiversité calédonienne.
Ces zones jouent un rôle crucial dans :
- la régulation de l’eau douce,
- la lutte contre l’érosion,
- la préservation des espèces endémiques,
- le maintien des sols dans les zones minières.
Mais le territoire porte aussi ses vulnérabilités :
- érosion massive liée au passé minier et aux défrichements ;
- glissements de terrain accrus par les épisodes climatiques extrêmes ;
- pression sur les rivières et bassins versants ;
- feux de brousse qui détruisent chaque année des milliers d’hectares.
Les massifs calédoniens ne sont pas en danger imminent d’effondrement, mais ils sont épuisés, fragilisés par des décennies d’exploitation, de sécheresses et de pratiques agricoles parfois inadaptées.
La montagne calédonienne n’est pas spectaculaire, mais elle est vitale : une blessure sur un versant se retrouve toujours en aval… dans les villages.
La Journée internationale de la montagne n’est pas une célébration folklorique.
C’est un avertissement : si les montagnes tombent, nous tombons avec elles.
Elles sont nos réservoirs d’eau, nos barrières naturelles, nos laboratoires biodiversifiés.
Mais tant que le monde les considérera comme des décors ou des ressources à exploiter, le désastre écologique continuera de prendre de l’altitude.
La question est simple :
combien de sommets devons-nous perdre pour comprendre que la montagne n’est pas éternelle ?


















