La violence ne fait plus irruption par surprise : elle s’installe. À Poindimié comme ailleurs, une série de cambriolages, d’agressions physiques et de vols répétés a fait voler en éclats le sentiment de sécurité. Les victimes ne sont pas des chiffres, mais des visages connus : des personnes âgées, des soignants, des familles. Face à ce climat anxiogène, la population n’exprime plus seulement de la colère. Elle parle désormais de peur, d’épuisement et d’un point de rupture.
La spirale de la violence : quand la répétition remplace l’exception
Ce qui frappe les habitants, ce n’est pas seulement la gravité des faits, mais leur enchaînement. Tentatives de vol, maisons vandalisées, véhicules dérobés, agressions physiques parfois d’une extrême brutalité. Les intrusions ne se font plus à la marge, mais au cœur du village, de jour comme de nuit.
L’agression récente d’un retraité, aujourd’hui hospitalisé dans un état grave, a marqué un basculement. Pour beaucoup, cette attaque symbolise le passage d’une délinquance matérielle à une violence directe contre les personnes, sans retenue ni crainte des conséquences. Les habitants parlent d’un acharnement, d’une violence gratuite, qui dépasse largement le simple vol opportuniste.
Vivre et travailler sous tension permanente
La crise sécuritaire touche aussi ceux qui font vivre le territoire. Arrivée récemment dans la commune, une soignante a subi quatre cambriolages en un mois. Son témoignage illustre un malaise profond : la peur s’invite jusque dans le sommeil, dans les gestes les plus simples du quotidien.
Pour les professionnels, la question n’est plus seulement celle de la vocation ou de l’attachement au territoire, mais celle de la possibilité même de rester. Travailler auprès de la population n’a de sens que si l’on peut, soi-même, vivre en sécurité. Le risque est clair : l’insécurité pourrait accélérer le départ de personnels essentiels, aggravant encore les fragilités locales.
Alcoolisation et désordre public : un cocktail explosif
À cette vague de cambriolages s’ajoute un facteur aggravant régulièrement dénoncé : la consommation d’alcool sur la voie publique. Plusieurs agressions récentes ont été associées à des états d’ivresse avancée, renforçant le sentiment d’abandon ressenti par les habitants.
Pour eux, il ne s’agit pas de stigmatiser, mais de constater une réalité : lorsque l’alcool circule librement dans l’espace public, les tensions montent, les repères s’effacent et la violence devient plus imprévisible. La mairie avait déjà tiré la sonnette d’alarme ces dernières semaines, sans que cela n’enraye la dynamique actuelle.
Le sentiment d’impunité, moteur de la récidive
Dans les échanges entre habitants, un mot revient sans cesse : impunité. L’idée que les auteurs agissent sans crainte, qu’ils reviennent plusieurs fois, qu’ils circulent librement la nuit, nourrit un profond découragement.
Pour les collectifs de quartiers mobilisés, la répétition des faits n’est pas un hasard. Elle serait le résultat d’un manque de présence dissuasive, d’une réponse institutionnelle jugée trop lente ou insuffisante. Quand les sanctions semblent lointaines ou invisibles, la délinquance s’installe, et la peur change de camp.
Une population qui se mobilise pour éviter le pire
Face à cette situation, une soixantaine de résidents ont décidé de sortir du silence. Rassemblés devant l’antenne du Haussariat, ils ont exprimé un ras-le-bol collectif, partagé entre le village et les tribus environnantes.
Leur crainte est claire : que l’inaction mène à un drame irréversible. Les agressions de personnes âgées, d’enfants ou de mères de famille sont perçues comme des lignes rouges déjà franchies. La mobilisation n’est pas une démonstration de force, mais un appel à la protection.
Des demandes concrètes, une attente forte
Les revendications formulées sont précises :
- Renforcement des patrouilles de gendarmerie, de jour comme de nuit
- Amélioration de l’éclairage public, notamment dans les zones sensibles
- Interdiction stricte de la consommation d’alcool sur la voie publique
Les autorités locales et l’État ont pris acte de ces demandes. Une réunion est programmée le 18 décembre pour faire le point et envisager des mesures concrètes. Pour les habitants, cette échéance est décisive : elle dira si leur alerte a été entendue, ou si la peur continuera de dicter le quotidien.
Dans ce village comme dans d’autres, l’insécurité n’est plus une abstraction. Elle est devenue une expérience vécue, quotidienne, épuisante. Les habitants ne réclament pas l’exceptionnel, mais le minimum régalien : pouvoir dormir, travailler et vieillir sans crainte. La réponse attendue, désormais, ne pourra pas être seulement symbolique. Elle devra être visible, durable et rassurante, sous peine de voir la peur s’installer comme une norme.

















