La « méthode Valls » au cœur d’une tempête politique
Cette interview explosive relance le débat sur les méthodes de négociation employées par l’État français dans le dossier calédonien. Le témoignage, livré par Marie-Laure Ukeiwë, jeune femme kanak engagée, dépeint une séquence politique tumultueuse, marquée par des espoirs déçus et des accusations de « trahison » à l’encontre de l’ancien ministre Manuel Valls.
Un espoir brisé
Marie-Laure, représentante d’une nouvelle génération engagée, décrit d’abord l’optimisme initial : « C’était vraiment un espoir pour tous les jeunes de ma génération, et en particulier pour nous, femmes kanakes, qui voulions faire valoir notre vision de la société calédonienne de demain« . Porteuse des aspirations de ses aînés, elle évoque un sentiment de « fierté » et d' »honneur » à participer à ces discussions cruciales pour l’avenir du territoire.
Mais le ton se durcit rapidement lorsqu’elle aborde la proposition finale du ministre Valls : « J’ai ressenti une certaine trahison« *, confie-t-elle.
« Pour moi, la méthode Valls, c’est l’escroquerie » Virginie Ruffenach.
Une négociation sous tension
Selon Sonia Backès, le ministre a d’abord suscité l’adhésion par une approche apparemment conciliante : « Il prenait le temps, il écoutait, il avait l’air d’entendre ce qu’on disait« . Mais le revirement aurait été brutal. « C’était clairement une tentative de passage en force« , accuse-t-elle, dénonçant une manœuvre visant à satisfaire les indépendantistes sans tenir compte des positions loyalistes.
« Il a tenté un coup en se disant : ‘Les loyalistes vont rester à table, donc on donne aux indépendantistes ce qu’ils veulent' », explique-t-elle. Résultat : les indépendantistes, obtenant gain de cause dès le départ, auraient refusé tout compromis, tandis que les loyalistes, se sentant floués, ont fait bloc pour rejeter la proposition.
L’échec d’une « solution médiane »
Le projet en question – une indépendance-association incluant le transfert des compétences régaliennes, une nouvelle nationalité et un statut international – est qualifié d' »escroquerie ». « Il n’a tenu compte de rien de ce qu’on lui avait proposé« , regrette Virginie Ruffenach, soulignant l’absence de véritable médiation entre les deux camps.
Pourtant, malgré les pressions, les loyalistes ont tenu bon : « Nous avons dit non. Les Calédoniens ont dit trois fois non à l’indépendance, et nous, dans ce conclave, malgré toutes les pressions, nous avons dit non une quatrième fois« .
Quel avenir pour la Nouvelle-Calédonie ?
Cet échec des négociations laisse planer des questions sur l’avenir institutionnel du territoire. La stratégie Valls a exacerbé les divisions plutôt que de les apaiser. « Il a réussi exactement l’effet inverse« , conclut V. Ruffenach, estimant que la méthode employée a rigidifié les positions au lieu de favoriser le dialogue.