Emmanuel Macron refuse d’admettre l’échec. Moins de 24 heures après avoir accepté la démission de son Premier ministre, le chef de l’État rappelle Sébastien Lecornu. Il lui confie une nouvelle mission politique, comme si de rien n’était. Une décision qui illustre à la fois la fragilité de son pouvoir et l’aveuglement d’un président prisonnier de son propre système.
Un président acculé, un Premier ministre sacrifié
Emmanuel Macron s’enferme dans une logique de survie politique. Après avoir accepté la démission de Sébastien Lecornu, il choisit de lui redonner pourtant la main pour « d’ultimes négociations » avant mercredi soir. En clair, le président lui demande de réussir en 48 heures ce qu’il n’a pas pu accomplir en trois semaines. Une manœuvre qui traduit moins une stratégie qu’un désarroi : le pouvoir macronien cherche désespérément une sortie de crise.
Lecornu, dans un message publié sur X, tente de sauver les apparences :
J’ai accepté à la demande du Président de la République de mener d’ultimes discussions avec les forces politiques pour la stabilité du pays.
Derrière cette formule prudente, une réalité politique délabrée : la majorité présidentielle n’existe plus, les alliances se délitent et les Français assistent médusés à un spectacle institutionnel inédit.
Les oppositions, elles, n’y voient qu’une farce.
Le député UDR Éric Ciotti raille :
un Premier ministre démissionnaire chargé de négocier sa propre démission.
L’écologiste Benjamin Lucas dénonce une « farce grossière », quand la cheffe des Insoumis Mathilde Panot évoque une « fin de règne interminable ».
Lecornu, symbole d’un pouvoir en bout de course
Le choix de rappeler Sébastien Lecornu, censuré il y a quelques semaines, frise l’absurde politique. Celui qui incarnait déjà l’échec de la Macronie est aujourd’hui réinvesti pour en prolonger la survie artificielle. Le président persiste dans la continuité : un même visage, une même méthode, un même refus de reconnaître la rupture entre l’exécutif et le pays.
Le remaniement raté de dimanche, marqué par le retour explosif de Bruno Le Maire, a révélé la fracture béante avec Les Républicains. Bruno Retailleau, ministre démissionnaire de l’Intérieur, a tranché : « Lecornu a perdu la confiance. » Même constat au RN et au PS, où l’on considère que toute tentative de gouvernement bis serait aussitôt censurée.
Sur le papier, Macron espère encore un miracle. En pratique, il prépare un nouvel échec et peut-être la dissolution fatale. En refusant toute alternance réelle, il s’isole et nourrit la colère des Français qui n’en peuvent plus d’une présidence hors-sol.
La fin de la Macronie se joue maintenant
Tout indique que la Macronie vit ses dernières heures politiques. Ce retour de Lecornu est moins une relance qu’un aveu : celui d’un pouvoir qui n’a plus ni souffle, ni crédibilité. Les oppositions s’organisent déjà pour faire tomber le futur gouvernement avant même qu’il n’existe. LFI parle de destitution, le RN réclame une dissolution, et la droite prépare une motion de censure automatique.
Dans ce chaos, Emmanuel Macron semble jouer la montre, espérant user ses adversaires. Mais à force d’improviser, il risque de se retrouver face à un choix impossible : céder Matignon à l’opposition, ou retourner aux urnes. Les deux options sont explosives.
Une chose est sûre : le pays n’est plus gouverné, et le chef de l’État paraît réduit à un rôle de spectateur de sa propre chute. Lecornu, figure loyale mais impuissante, en devient le symbole tragique. La France, elle, attend autre chose qu’un énième épisode d’un feuilleton politique sans fin.
Emmanuel Macron s’entête dans une impasse politique inédite, rappelant un Premier ministre démissionnaire pour colmater une majorité fissurée. La droite dénonce un pouvoir à bout de souffle, la gauche appelle à la rupture, et les Français assistent, consternés, à la lente agonie d’un quinquennat sans direction. À force de refuser le réel, le président risque de sceller lui-même la fin de son règne.