La présence militaire américaine franchit un nouveau cap aux Philippines. Les drones MQ-9A Reaper des Marines entrent désormais directement dans le jeu du bras de fer sino-philippin.
LES ÉTATS-UNIS RENFORCENT MANILLE FACE À LA PRESSION CHINOISE
Washington a déployé temporairement une unité de drones MQ-9A Reaper aux Philippines, confirmant une montée en puissance de la coopération militaire face aux actions agressives de la Chine en mer de Chine méridionale.
Le Marine Unmanned Aerial Vehicle Squadron 1 (VMU-1), basé en Arizona, a été envoyé pour soutenir la sécurité maritime philippine et renforcer la maritime domain awareness conjointe, a indiqué un porte-parole du Marine Corps Forces Pacific.
Selon celui-ci, le stationnement d’appareils non armés vise à affirmer un engagement commun pour un Indo-Pacifique libre et ouvert, un message stratégique adressé directement à Pékin.
Les drones sont opérés depuis Basa Air Base, l’un des neuf sites ouverts aux forces américaines dans le cadre de l’EDCA (Enhanced Defense Cooperation Agreement). Ce site a récemment bénéficié de plusieurs projets financés par les États-Unis pour moderniser sa piste et ses infrastructures aériennes.
DES DRONES DEVENUS ESSENTIELS DANS LE BRAS DE FER MANILLE–PÉKIN
Le renforcement de la coopération intervient après une série d’incidents graves entre forces philippines et chinoises en 2023 et 2024, culminant lors de l’attaque du 17 juin 2024 à Second Thomas Shoal, où un Navy SEAL philippin a perdu un pouce après un ramming de la China Coast Guard.
Les autorités de Manille recensent des dizaines de navires chinois – cutters, bâtiments militaires et milices maritimes – naviguant en permanence dans la zone économique exclusive de l’archipel.
Dans ce contexte, les capteurs aériens – drones et appareils pilotés – sont devenus cruciaux. Ils offrent des images en temps réel des canonnades à eau, collisions volontaires et autres manœuvres hostiles, que Manille utilise désormais systématiquement pour documenter et exposer les actions de Pékin.
Les Philippines disposent déjà de drones ScanEagle fournis par Washington, ainsi que de Hermes 900 et 450 israéliens, particulièrement actifs dans la région de Palawan.
Un exercice non publié, PRISM RAVEN, semble avoir été mené entre les drones américains et leurs homologues philippins : un insigne circulant en ligne montre un Reaper et un Hermes 900 en patrouille conjointe. Le Corps des Marines n’a pas commenté.
UNE COOPÉRATION MILITAIRE QUI MONTE EN GAMME
Les Reaper du Corps des Marines ont atteint leur capacité opérationnelle initiale en 2023 et sont décrits comme une capacité décisive dans la stratégie Force Design, pensée pour préparer le Corps aux conflits potentiels dans l’Indo-Pacifique. Six drones ont déjà été envoyés au Japon pour des missions de renseignement dans les Ryukyu.
Pour l’analyste Georgi Engelbrecht (International Crisis Group), cette coopération est « sur les rails » et répond à l’importance grandissante des UAV dans la région. L’intégration des capacités de reconnaissance américaines et philippines est vue comme un pilier majeur de renforcement capacitaire face aux tactiques coercitives chinoises.
Le déploiement des drones s’inscrit dans un ensemble plus large d’initiatives :
– création du Task Force Philippines, une cellule de 60 personnes dirigée par un général américain ;
– 500 millions de dollars d’aide militaire américaine ;
– financement d’une base navale philippine tournée vers la mer de Chine, destinée à accueillir des navires de surface autonomes.
En multipliant ces actions, Washington confirme son objectif : appuyer les forces philippines confrontées à la stratégie d’expansion maritime chinoise et stabiliser un Indo-Pacifique stratégique où la liberté de navigation reste un enjeu majeur de sécurité internationale.















