Un métier en souffrance, des alertes répétées
Le secteur ambulancier en Nouvelle-Calédonie traverse une crise profonde, marquée par des difficultés financières, un manque de reconnaissance et une pénurie de personnel qualifié. Camilo Keletaona, directeur des Ambulances Saint-Jacques et président du Syndicat des Ambulanciers de Nouvelle-Calédonie (SANC), tire la sonnette d’alarme : « Nous sommes les grands oubliés du système de santé, malgré notre rôle essentiel.«
Avec une soixantaine de sociétés d’ambulances sur le territoire, plusieurs ont déjà fermé leurs portes en 2024, et d’autres sont en voie de liquidation. « Les retards de paiement de la CAFAT, les tarifs non revalorisés depuis dix ans et l’absence de compensation pour les services rendus pendant la crise Covid ou les émeutes ont plongé la profession dans une situation intenable« , déplore Keletaona.
Des revendications anciennes, des réponses insuffisantes
Parmi les principales demandes du secteur :
– Une revalorisation urgente des tarifs de transport sanitaire, actuellement 82 % inférieurs à ceux de la métropole.
– La reconnaissance des diplômes locaux (DEA) au niveau européen, aujourd’hui non valables hors du territoire.
– Un gel des nouveaux agréments pour éviter une saturation du marché.
« En 2016, après trois ans de grève, nous avons obtenu une hausse de 20 % des tarifs, mais les 40 % promis n’ont jamais été appliqués« , rappelle le président du SANC.
Un recrutement en chute libre
La profession souffre d’un manque criant d’attractivité. Les salaires peu compétitifs et la pénibilité des horaires (services 24h/24, 7j/7) dissuadent les nouvelles recrues. « Personne ne veut devenir ambulancier aujourd’hui. Pourtant, sans nous, les patients ne peuvent accéder aux soins« , insiste Keletaona.
Malgré la loi sur l’emploi local, le recrutement à l’extérieur reste impossible : « Avec nos salaires, aucun professionnel métropolitain ou polynésien ne viendrait travailler ici.«
Vers une réforme globale du système de santé ?
Face à l’urgence, le SANC demande une rencontre avec Claude Gambey, membre du gouvernement en charge de la santé, pour présenter des solutions concrètes. « Nous avons des propositions chiffrées, mais il faut une volonté politique pour les appliquer« , souligne Keletaona.
Si une grève n’est pas exclue, elle reste « une solution de dernier recours« , car elle pénaliserait en premier lieu les patients. Pour le syndicaliste, seule une réforme structurelle du système de santé calédonien pourrait résoudre durablement les problèmes.
Alors que les ambulanciers assurent un service vital pour la population, leur profession est au bord de l’asphyxie. Sans mesures urgentes, c’est l’ensemble de la chaîne de soins qui risque de se fragiliser davantage.
Sources : RRB, @MC – Mai 2025