Depuis ce vendredi 5 décembre et jusqu’au dimanche 7 décembre, la petite tribu d’Eni rouvre les portes de son littoral pour un événement devenu un repère identitaire autant qu’un souffle touristique. Une fête simple, populaire, enracinée, où l’on vient savourer la mer mais aussi retrouver ce que le pays a parfois oublié : la valeur du travail, de la transmission, du concret.
Pendant trois jours, Nengone se dévoile sans artifices, avec fierté, et c’est précisément ce qui rend l’événement aussi puissant.
LE SUD DE MARÉ MET EN AVANT SES RICHESSES MARINES
À Eni, rien n’est plus naturel que de placer la mer au centre de la fête. Les clans du Sud, réputés pour leur savoir-faire, étalent chaque année une diversité impressionnante de produits frais : vivaneaux lustrés, perroquets Wabebulu, langoustes aux couleurs saisissantes, coquillages, oursins encore scintillants d’écume. Ici, on ne parle pas de folklore : on parle de maîtrise, de gestes transmis, d’une pêche raisonnée qui fait la fierté du district de Medu.
Les visiteurs viennent pour découvrir, pour déguster, pour comprendre. Les stands de restauration, tenus par les familles, permettent de savourer des plats préparés sur place, dans une logique 100 % locale. Aucun discours victimaire, aucune plainte face au monde moderne : seulement une communauté qui choisit de montrer ce qu’elle sait faire, et qui le fait bien.
L’expérience phare reste la sortie encadrée pour « pêcher les oursins ». Encadrés par les guides de la tribu, les visiteurs apprennent à reconnaître les bons coins, à manier les outils traditionnels, à ouvrir les oursins et bien sûr à en goûter quelques-uns. Une activité modeste, simple, mais redoutablement conviviale, vécue les pieds dans l’eau, qui séduit les familles autant que les curieux.
UNE IMMERSION CULTURELLE QUI VALORISE LE TRAVAIL ET LA TRANSMISSION
Mais la fête du littoral n’est pas qu’un rendez-vous gastronomique : c’est une plongée dans la culture du Sud de Nengone, sans filtre et sans folklore artificiel. Les excursions en bateau révèlent la beauté brute des côtes. Les initiations à la plongée permettent d’approcher un littoral préservé grâce à l’engagement des habitants. Les randonnées ouvertes pour l’occasion mènent vers des zones rarement accessibles, offrant un aperçu de la nature majestueuse de Maré.
Les ateliers de tressage, animés par les mamans d’Eni, rappellent que le savoir-faire féminin reste un pilier de l’économie domestique. Là encore, rien de forcé : c’est la vie quotidienne, un artisanat transmis de génération en génération.
Durant ces trois jours, on assiste à une démonstration de ce que pourrait être le tourisme calédonien : ancré, authentique, assumé, porté par des communautés qui valorisent leur territoire sans jamais s’en excuser. Pas de victimisation, pas de discours culpabilisateur. Juste la fierté d’un peuple qui fait découvrir sa terre.
LE TRAIL AIR CALÉDONIE DE MARÉ : L’ÉNERGIE DE NENGONE EN PLEINE COURSE
Le samedi, la fête entre dans une autre dimension avec l’un des rendez-vous sportifs les plus appréciés des îles Loyauté : le Trail Air Calédonie de Maré. Pour cette 4ᵉ édition, trois parcours sont proposés, du Grand Raid aux 3 km familiaux. Une manière d’attirer les passionnés comme les simples marcheurs, sans exclure personne.
Départ à 6 h 30 pour les 20 km du Grand Raid. Les coureurs filent entre plages, falaises et forêts, traversant les tribus du Sud sous les encouragements constants des habitants. Ces scènes disent beaucoup : à Maré, on soutient ceux qui se dépassent, on applaudit l’effort, on valorise la discipline. Une vision de la société où l’on respecte ceux qui avancent, qu’ils soient athlètes accomplis ou familles venues pour le plaisir.
Les animations se succèdent ensuite : artisanat, danses et chants tribaux, scène musicale, pasta party. Rien de tapageur, rien de surjoué : seulement l’énergie collective des îles, soudée autour de ce que l’île produit de meilleur. Un territoire fier, debout, dynamique, loin des clichés misérabilistes que l’on entend trop souvent ailleurs.
La fête du littoral d’Eni n’est pas une simple animation de décembre : c’est un rappel identitaire, une démonstration concrète de ce que Maré sait offrir lorsqu’on lui laisse la liberté d’exister pleinement. Trois jours de mer, de culture, d’efforts partagés et de rencontres vraies.
Dans un pays qui doute parfois de lui-même, Eni envoie un message clair : la force de la Nouvelle-Calédonie vient de ceux qui travaillent, transmettent et s’engagent. Ici, la mer n’est pas un décor : c’est une fierté. Et chaque année, la tribu du Sud de Maré le prouve avec éclat.


















