L’Australie tire la sonnette d’alarme : Pékin avance dans le Pacifique sans rendre de comptes. Canberra prévient que le rapport de force bascule, et que la transparence chinoise s’évapore.
Une mise en garde claire face aux ambitions chinoises
L’Australie a lancé un avertissement solennel sur l’évolution du rapport de force stratégique dans le Pacifique. Selon la ministre des Affaires étrangères Penny Wong, la Chine projette sa puissance militaire plus loin, plus souvent et avec moins de transparence, brouillant les mécanismes de stabilité qui prévalaient depuis des décennies dans le Sud.
Pour Canberra, cette évolution marque une rupture : le Pacifique n’est plus une zone diplomatique secondaire, mais un champ de rivalités où Pékin cherche à remodeler l’ordre régional. Wong a dénoncé des initiatives chinoises menées « sans la clarté que les États insulaires sont en droit d’attendre », en référence aux accords sécuritaires non publiés négociés par Pékin depuis le pacte très controversé signé avec les Salomon en 2022.
Pour l’Australie, la réponse passe par la cohésion du Pacific Islands Forum, présenté comme le meilleur moyen de réduire les asymétries face aux grandes puissances.
Le précédent des sanctions chinoises, une leçon pour la région
Le discours de Wong s’inscrit dans un climat de méfiance maîtrisée. Entre 2020 et 2023, l’Australie a essuyé 20 milliards de dollars australiens de sanctions commerciales après un différend politique avec Pékin.
Ce précédent est devenu un argument central de Canberra : il illustre les risques de coercition économique auxquels sont exposés les pays insulaires lorsqu’ils accroissent leur dépendance commerciale envers la Chine.
Si les restrictions visant l’orge, le vin et le charbon ont été en grande partie levées, l’Australie rappelle que la région doit rester vigilante. Wong admet que l’époque où Canberra était « le partenaire naturel » du Pacifique est révolue : l’Australie affronte désormais une concurrence permanente, menée par les États-Unis, la France et surtout la Chine.
Une bataille d’influence qui redessine le Pacifique
Onze États du Pacifique entretiennent aujourd’hui des relations diplomatiques avec Pékin, dont certains — comme Tonga — sont lourdement endettés envers des banques chinoises. Trois autres demeurent liés à Taïwan.
Ce basculement diplomatique reflète, selon Canberra, les ambitions de l’Armée populaire de libération, dont les manœuvres au-delà de la “First Island Chain” inquiètent les partenaires occidentaux.
Wong insiste : la sécurité collective du Pacifique ne doit pas être capturée par « une seule grande puissance ». Pour l’Australie, il s’agit à la fois de protéger sa proximité immédiate et de contenir un mouvement stratégique qui avance vite, trop vite, pour rester ignoré.
Canberra martèle que seule une coopération régionale solide permettra aux États insulaires de garder leurs marges de manœuvre face à l’expansion militaire opaque de la Chine.


















